
Imaginez des tomates juteuses, des aubergines délicieusement charnues, et des fruits encore plus savoureux et généreux que ceux que vous connaissez. Si les modifications génétiques dans l’agriculture ne sont pas une nouveauté, une découverte récente faite par des chercheurs de l’Université Johns Hopkins, en collaboration avec le Cold Spring Harbor Laboratory, pourrait bien redéfinir l’avenir de notre alimentation. En plongeant au cœur du génome des plantes, ces scientifiques ont en effet découvert des mécanismes jusque-là inconnus qui ouvrent la voie à une transformation des cultures agricoles à la fois plus précise et plus efficace.
Une avancée plus précise que jamais
Bien que la génétique ait déjà permis de rendre les plantes plus résistantes aux maladies, d’augmenter leur rendement ou de prolonger leur durée de conservation, cette nouvelle étude marque un tournant. L’innovation ? Une précision inédite grâce à la technologie CRISPR-Cas9, surnommée les ciseaux génétiques. Cette méthode permet de modifier certaines séquences d’ADN de manière extrêmement ciblée, ce qui offre des possibilités jusqu’alors inimaginables.
Les chercheurs se sont intéressés à un gène particulier, le CLV3, qui joue un rôle crucial dans la taille et la forme des fruits. En ajustant une seule copie de ce gène, ils ont réussi à créer des tomates et des aubergines plus grosses et mieux structurées tout en conservant leur qualité et leur viabilité. En revanche, en désactivant les deux copies du gène, les fruits produits étaient déformés et non-commercialisables. Cette capacité à ajuster finement les caractéristiques des plantes représente ainsi un véritable bond en avant par rapport aux techniques génétiques plus anciennes.
Explorer le patrimoine génétique des solanacées (tomates, etc.)
L’étude ne se limite pas aux tomates et aubergines. Elle fait en effet partie d’un projet plus vaste qui vise à cartographier les génomes de vingt-deux espèces du genre des solanacées, un groupe qui inclut également les pommes de terre et les poivrons. Cette approche globale a permis de découvrir un phénomène évolutif fascinant : au fil du temps, certains gènes se dupliquent ou disparaissent, ce qui influence directement les caractéristiques des plantes.
Les chercheurs parlent d’une approche pan-génétique. En comparant les génomes de différentes espèces, ils identifient des gènes partagés et découvrent des mécanismes évolutifs insoupçonnés. Cette méthode pourrait non seulement améliorer les solanacées, mais aussi d’autres cultures essentielles pour notre alimentation.
Comme l’explique Katharine Jenike, chercheuse au Cold Spring Harbor Laboratory : « Avoir accès aux séquences complètes du génome de ces espèces, c’est comme posséder une carte au trésor ». Cette carte génétique permet de repérer des gènes clés responsables de traits tels que la taille, la forme, ou la période de floraison des plantes.

Des promesses pour l’agriculture de demain
Les applications de cette découverte rapportée dans Nature sont nombreuses et enthousiasmantes. En ajustant l’expression de certains gènes, on pourrait obtenir des fruits non seulement plus volumineux, mais aussi plus résistants aux maladies et mieux adaptés aux conditions climatiques changeantes. Cette avancée pourrait révolutionner la productivité agricole et répondre aux besoins alimentaires croissants dans le monde entier.
Michael Schatz, l’un des chercheurs principaux de l’étude, résume bien l’ampleur de cette découverte : « Une seule graine peut suffire à initier une révolution ». Cette phrase illustre à quel point ces avancées pourraient changer l’agriculture en offrant des outils pour produire de manière plus durable, tout en limitant l’utilisation de pesticides.
En explorant ces richesses génétiques, les chercheurs dessinent ainsi l’avenir de l’agriculture, une agriculture capable de produire des fruits et légumes plus savoureux, plus nutritifs et mieux adaptés aux défis environnementaux actuels. Si les fruits issus de ces recherches ne sont pas encore sur nos étals, l’innovation est bel et bien en marche et elle pourrait bien redéfinir nos habitudes alimentaires pour le meilleur.
Source : https://sciencepost.fr/