
L’initiative internationale HealthyDiets4Africa explore comment la diversité alimentaire pourrait révolutionner la sécurité nutritionnelle et environnementale en Afrique.
EN BREF |
– L’initiative HealthyDiets4Africa vise à diversifier les sources alimentaires en Afrique pour améliorer la sécurité nutritionnelle. – Des « laboratoires du système alimentaire » analysent les plantes pour leur valeur nutritionnelle et leur intégration dans les régimes locaux. – Le projet aborde le triple fardeau de la malnutrition en Afrique : la faim, les carences en micronutriments et l’obésité croissante. – Des innovations comme les crackers de riz enrichis pourraient transformer les programmes d’alimentation scolaire en Afrique. |
Le continent africain fait face à des défis alimentaires complexes, mais des initiatives émergent pour renforcer la diversité alimentaire et améliorer la sécurité nutritionnelle. L’initiative HealthyDiets4Africa (HD4A) vise à explorer comment une plus grande diversité alimentaire pourrait transformer la santé et l’environnement en Afrique. Avec le soutien de partenariats internationaux et des efforts de recherche, cette initiative cherche à introduire des cultures moins connues mais riches en nutriments dans les régimes alimentaires locaux.
Pour les personnes et la planète
Michael Frei, professeur d’agronomie à l’université Justus Liebig en Allemagne, coordonne le projet HD4A, une initiative qui s’étend jusqu’en 2028. Cette collaboration réunit des experts d’Afrique, d’Europe, ainsi que des organisations internationales telles que le Programme alimentaire mondial et l’Institut international des ressources phytogénétiques. L’objectif est de déterminer si une plus grande diversité dans le système alimentaire peut combattre diverses formes de malnutrition tout en ayant un impact positif sur l’environnement.
Des « laboratoires du système alimentaire » ont été créés dans huit pays africains, allant du Liberia au Kenya. Ces laboratoires analysent les plantes pour leur valeur nutritionnelle et explorent leur intégration dans les régimes alimentaires. Cette démarche est coordonnée par l’Africa Rice Center, une organisation panafricaine de recherche agricole basée en Côte d’Ivoire. Face à la prolifération des monocultures, l’introduction de la diversité alimentaire pourrait enrichir la valeur nutritionnelle des aliments consommés et offrir des avantages environnementaux significatifs.
Triple fardeau de la malnutrition
L’Afrique est confrontée à un « triple fardeau de la malnutrition », selon Frei. Premièrement, la faim persiste, avec plus de 150 millions de personnes sans nourriture suffisante. Deuxièmement, même ceux qui mangent à leur faim manquent souvent de micronutriments essentiels comme le zinc et le fer. Troisièmement, l’obésité est en augmentation dans les zones urbaines, alimentée par des régimes riches en aliments transformés et en graisses malsaines.
La diversification des systèmes alimentaires est perçue comme une solution potentielle à ces défis. L’équipe de recherche explore l’utilisation inventive de cultures riches en nutriments, souvent négligées, et leur intégration dans les habitudes alimentaires quotidiennes. Un régime diversifié est plus sain et plus stable sur le plan environnemental, souligne Frei.
La force dans la diversité
Parmi les espèces étudiées figurent l’amarante, un légume-feuille résistant à la sécheresse, et le niébé, une légumineuse. Ces deux plantes, abondantes en Afrique, se soutiennent mutuellement lorsqu’elles sont cultivées ensemble. Le niébé fixe l’azote dans le sol, ce qui profite à l’amarante en réduisant le besoin d’engrais chimiques. Les deux ont des valeurs nutritionnelles particulièrement élevées.

Un autre exemple est l’arbre Parkia biglobosa, dont les graines riches en nutriments, autrefois utilisées pour aromatiser les soupes, ont été remplacées par des cubes de bouillon importés et moins sains. L’équipe HD4A espère raviver l’intérêt pour ces pratiques traditionnelles tout en utilisant de nouvelles technologies pour optimiser les systèmes de culture futurs.
Un menu pour le changement
Le professeur Christophe Matthys de l’université KU Leuven en Belgique travaille à traduire les avancées scientifiques en bénéfices directs pour la santé. Il se concentre sur l’intégration des nutriments dérivés des cultures dans de nouveaux produits et sur le surmontage des obstacles sociaux à une alimentation plus saine.
Un projet pilote en Côte d’Ivoire a développé des crackers de riz contenant des extraits de micronutriments. Ces crackers devraient fournir une source diversifiée de nutriments pour les programmes d’alimentation scolaire, selon le Dr Sali Ndindeng d’AfricaRice. Cette initiative teste la saveur, l’acceptation et la disposition à payer des consommateurs potentiels.
Alors que l’initiative HD4A se prépare à partager ses découvertes lors du sommet Nutrition for Growth à Paris en 2025, elle suscite l’espoir d’une prise de conscience accrue du rôle des systèmes alimentaires diversifiés en Afrique. Comment ces efforts changeront-ils la perception mondiale de l’Afrique et de son potentiel alimentaire ?
Source : https://afriquenligne.fr/