
Alors que les fleurs sont omniprésentes sur Terre, dans le monde marin, seules quelques plantes sous-marines ont développé cette capacité étonnante : les herbiers marins. Bien plus que de simples végétaux sous-marins, ces organismes jouent un rôle crucial dans l’équilibre de l’écosystème marin.
Les herbiers marins : des plantes uniques dans l’océan
Les herbiers marins sont des plantes à fleurs qui vivent entièrement sous l’eau. Bien qu’ils ressemblent souvent à de l’herbe verte, ces végétaux sont des reliques d’un passé lointain : il y a environ 100 millions d’années, ces plantes étaient des espèces terrestres qui ont trouvé refuge dans les eaux peu profondes, évoluant ensuite pour s’adapter à la vie marine. De nos jours, elles colonisent de vastes étendues sous-marines et forment des prairies marines qui sont vitales pour la biodiversité.
Ces herbiers marins ne peuvent se développer qu’à certaines profondeurs où la lumière peut pénétrer suffisamment pour que la photosynthèse puisse se produire. Ils jouent un rôle crucial dans la stabilisation des sédiments sous-marins, la protection des côtes contre l’érosion et la réduction de la turbidité de l’eau. Toutefois, leur importance ne s’arrête pas là : en plus de leur rôle écologique, les herbiers marins sont capables de produire des fleurs. Et c’est là que les choses deviennent encore plus fascinantes.
Une pollinisation unique dans le monde marin
Tout comme leurs cousines terrestres, les herbiers marins ont besoin de polliniser leurs fleurs pour se reproduire. Mais comment cela peut-il se produire sous l’eau ? Pendant longtemps, on pensait que tout comme les végétaux terrestres, ils dépendaient uniquement des courants marins ou du vent pour disperser leur pollen. Cependant, des recherches récentes ont révélé que ce processus est bien plus complexe et surprenant.
Les fleurs des herbiers marins, notamment celles de la plante Thalassia testudinum, produisent du pollen enveloppé dans une substance visqueuse appelée mucilage. Ce mucus collant joue un double rôle : il aide à maintenir le pollen en place et facilite son transfert d’une fleur à l’autre.
Cependant, la véritable surprise réside dans le fait que des « abeilles marines » jouent également un rôle clé dans cette pollinisation. Bien qu’il ne s’agisse pas d’abeilles au sens classique du terme, ces pollinisateurs sont en réalité de petits animaux marins, souvent des crustacés ou des vers tels que les idoteas. Lorsqu’elles se nourrissent du pollen, ces petites créatures se déplacent de fleur en fleur et transportent involontairement le pollen d’une plante à l’autre. Cette découverte, faite en 2016, avait bouleversé l’idée préconçue que la pollinisation marine était exclusivement assurée par les courants marins.

L’importance des herbiers marins pour l’écosystème
Outre leur capacité à produire des fleurs et à se reproduire grâce à des pollinisateurs uniques, les herbiers marins jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes marins. Ces plantes servent de refuge et de source de nourriture pour une grande variété d’animaux marins, allant des petits poissons aux tortues marines. Leur rôle dans la chaîne alimentaire est donc essentiel pour maintenir la biodiversité dans les océans.
Les herbiers marins aident également à réguler les écosystèmes en capturant le dioxyde de carbone, en stabilisant les sédiments marins et en contribuant à l’amélioration de la transparence de l’eau. Par leurs racines, ils fixent les sols sous-marins, ce qui empêche l’érosion et protège ainsi les côtes des tempêtes et des vagues.
Malheureusement, ces plantes uniques sont menacées par de nombreux facteurs, principalement le changement climatique et l’activité humaine. L’acidification des océans, la montée des températures et la pollution menacent leur survie tout comme la perte d’habitat due à l’urbanisation des côtes. La destruction de ces écosystèmes marins aurait des conséquences dramatiques sur la biodiversité marine, et pourrait également affecter les communautés humaines qui dépendent de la mer pour leur alimentation et leur protection côtière.
Source : https://sciencepost.fr/