
Après la crise de la Covid-19, de nombreuses personnes travaillant dans le tourisme ont bénéficié d’un programme de formation pour se reconvertir dans d’autres métiers. Mais ceux qui ont choisi la chocolaterie se retrouvent aujourd’hui confrontés à la crise du cacao.
Double crise pour les employés du tourisme qui ont voulu se reconvertir dans le métier d’artisan chocolatier. Alors que les opérateurs économiques ont espéré une baisse du prix de fèves de cacao au début de cette année 2025, cette attente ne s’est pas réalisée. En effet, les prix du kilo de fèves sont restés en dessus des 40 000 ariary, contre 12 000 ariary, il y a deux ans passés. Et pourtant, de nombreuses personnes ont misé sur cette chaîne de valeur, pour se relever de la crise liée à la Covid-19. Il en est ainsi pour les bénéficiaires du programme Miatrika Covid financé par la Banque mondiale, qui se comptent en milliers et dont plusieurs centaines ont choisi la chocolaterie pour se reconvertir à un autre métier.
Dilemme
Certes, la plupart des artisans, qui ont démarré leurs activités, ont dû abandonner, à cause de la crise du cacao. Avec les matières premières à prix exorbitant, face à un très faible pouvoir d’achat des consommateurs, les marges bénéficiaires se rétrécissent et les produits finissent par être invendables, pour ceux qui ont du mal à maîtriser les coûts. En effet, cette crise mondiale continue d’affecter la production et la qualité du chocolat, provoquant une augmentation du chômage parmi les artisans chocolatiers. Même les anciens de ce métier ne sont pas épargnés. En outre, les produits transformés sont de moins en moins diversifiés, affectant également les opérateurs des autres secteurs d’activité, si l’on ne cite que les pâtissiers. Avec la baisse de l’offre, combinée à une demande mondiale de plus en plus forte, les producteurs sont poussés à chercher des solutions de substitution souvent au détriment de la qualité. Cette tendance est particulièrement marquée à Madagascar, où la renommée du cacao de qualité représente un atout majeur pour l’industrie.
Espoir
Le 19 décembre 2024, le prix du cacao a franchi un seuil historique, atteignant plus de 12 930 dollars la tonne, soit une hausse de près de 200 % en un an. Toutefois, même si certains espéraient une stabilisation dès janvier 2025, les prix ont chuté à 10 100 dollars la tonne, mais restent marqués par une grande volatilité. Selon les experts, cette crise est alimentée par plusieurs facteurs, tels que des conditions climatiques difficiles, notamment en Afrique de l’Ouest, où la sécheresse a sévèrement impacté les récoltes, ainsi que des stocks mondiaux au plus bas. Simultanément, a consommation mondiale de chocolat continue de croître, exerçant une pression supplémentaire sur les prix. Face à la rareté du cacao de qualité, de nombreux producteurs se tournent vers des substituts moins chers, souvent à base d’additifs et d’ingrédients de qualité inférieure. D’autres espèrent une baisse tendancielle des prix vers un niveau raisonnable et viable.
Pratiques inquiétantes
À Madagascar, où la qualité du cacao fin est réputée, les effets de la crise sont particulièrement visibles. Les consommateurs locaux, connaisseurs du cacao de haute qualité, détectent parfois l’ajout de substituts dans certains chocolats, ce qui altère leur goût et leur texture, mettant ainsi en péril la réputation du cacao malgache. Cependant, certains producteurs, conscients de l’importance de maintenir un produit authentique, continuent de privilégier la qualité, malgré la pression économique. Leur défi réside dans la gestion de la hausse des coûts tout en répondant à un marché où les consommateurs sont attirés par des produits moins chers, même au détriment de la qualité. A noter que cette crise touche également les pays comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent ensemble plus de la moitié de la production mondiale de cacao, avec des dérivés commercialisés à Madagascar. Bien que l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO) prévoie une récolte plus abondante cette année, les réserves mondiales restent insuffisantes pour répondre à la demande croissante. La fluctuation des prix persiste, et l’issue de cette crise reste incertaine. Même si les conditions climatiques en Afrique de l’Ouest s’améliorent, il est probable que la production ne suffise pas à combler les déficits des années précédentes, maintenant ainsi les prix à des niveaux élevés et encourageant davantage l’utilisation de substituts.
Source : https://midi-madagasikara.mg/