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Les abeilles sauvages qui nichent au sol sont particulièrement vulnérables aux pesticides. C’est le constat d’une étude publiée le 14 novembre dans Science. Or ces insectes passent sous les radars des évaluations de risque des pesticides. Ces dernières sont en effet réalisées principalement sur d’autres abeilles, les domestiques qui produisent le miel.
« Nous avons découvert que 70 % des espèces d’abeilles sauvages, indispensables à la pollinisation des cultures vivrières, sont grandement menacées par les résidus de pesticides dans le sol, un fait que la règlementation actuelle ignore », déplore Sabrina Rondeau, biologiste postdoctorante à l’Université d’Ottawa et autrice de ce travail.
Des insectes solitaires plus sensibles
La scientifique explique que les abeilles mellifères vivent dans de grandes colonies qui leur permettent de bénéficier de « stratégies de détoxification sociale », atténuant les effets des pesticides. Mais la majorité des plus de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde sont solitaires et bien plus sensibles.
Cette étude révèle que les reines bourdons pourraient être attirées par les sols contaminés par des pesticides, ce qui augmenterait leur exposition pendant leur hibernation. Certaines substances, comme l’insecticide cyantraniliprole, réduit également leur taux de survie et de reproduction. Enfin, certaines combinaisons d’insecticides et de fongicides modifient le comportement des abeilles des courges et réduit la production de la descendance, ce qui pourrait mener à terme à un déclin de la population.
« Nos travaux montrent que la protection des pollinisateurs sauvages passe par une révision fondamentale de l’évaluation de la sécurité des pesticides, conclut Sabrina Rondeau. C’est absolument essentiel pour la sauvegarde de nos systèmes alimentaires et de notre biodiversité. »
Source : https://reporterre.net/