
En milieu urbain, le tussilage fleurit jusqu’à un mois plus tôt qu’en 1920
Une plante printanière, le tussilage, fleurit près d’un mois plus tôt qu’il y a un siècle, signe concret du réchauffement de la planète.
«C’est une petite fleur jaune qui apparaît quelques jours à peine après la fonte des neiges. Comme les hivers sont plus doux et moins neigeux, elle fleurit plus tôt, particulièrement en ville où le climat se réchauffe beaucoup plus qu’à la campagne», explique Claude Lavoie, professeur de biologie à l’Université Laval.
Dans la région de Montréal, la floraison se produit 31 jours plus tôt au 21e siècle qu’au 20e. En moyenne, elle sort de terre 19 jours plus tôt sur l’ensemble du territoire.
À ne pas confondre avec le pissenlit, qui apparaît quelques semaines plus tard, cette plante est si pressée de voir le jour qu’elle fleurit avant de produire la première feuille. Elle a longtemps servi comme plante médicinale contre la toux, d’où son nom latin, Tussilago tussis (toux) et agere (chasser). Elle est toutefois peu appréciée des jardiniers qui la voient comme une mauvaise herbe.


La réponse est dans la fleur
Documenter le réchauffement climatique n’est pas chose facile, car il faut pouvoir comparer des réalités actuelles avec celles du passé. Or, le tussilage est un excellent témoin, car on l’étudie depuis son introduction en Amérique avec les colons européens.
Avec son étudiant Daniel Lachance, le professeur Lavoie a mené son étude sans mettre le nez dehors parce qu’ils ont colligé les observations des centaines de botanistes du passé avec les données météorologiques.
«Nous avons travaillé à partir des herbiers qui sont des encyclopédies inestimables de notre passé», signale M. Lavoie.
Herbiers majeurs
L’herbier Louis-Marie, de l’Université Laval, compte 602 000 entrées; l’herbier Marie-Victorin de l’UdeM, 583 000. À Ottawa, la collection nationale de plantes vasculaires en compte 1,5 million. Ces collections de science naturelle ont toutes été consultées dans le cadre de ce travail, en plus des herbiers du ministère québécois des Forêts, de la Faune et des Parcs et d’autres comptant plus de 100 000 entrées.
Avec d’autres scientifiques, M. Lavoie s’est battu dans les années 2010 pour qu’on assure la survie de ces collections menacées, faute d’espaces où les entreposer.
«Les herbiers peuvent nous aider à comprendre l’évolution des écosystèmes mais sont aussi utiles en archéologie et dans plusieurs autres disciplines», affirme-t-il.

Source : https://www.tvanouvelles.ca/