
Une analyse ADN commandée par l’émission « Kassensturz » de SRF révèle que 17 des 20 miels testés sont évalués comme « non authentiques ». Il s’agit principalement de miels importés à bas prix. Les détaillants critiquent la nouvelle méthode de test.
La classification est basée sur les traces d’ADN présentes et absentes, que le laboratoire chargé des tests a identifiées à partir de plus de dix millions de séquences d’ADN dans le miel. Seuls les trois miels suisses de l’échantillon de « Kassensturz » sont considérés comme « authentiques » par le laboratoire.
La Suisse est le leader mondial de la consommation de miel d’abeilles avec 1,3 kilo de miel par personne et par an. Cependant, le miel produit en Suisse ne couvre qu’un tiers des besoins. Le reste du miel est importé de l’étranger. Il provient principalement d’Allemagne (28%), d’Argentine (27,7%) et du Mexique (17,6%).
Lutte internationale contre le miel frelaté
En raison du niveau élevé des prix, le miel est frelaté dans le monde entier depuis de nombreuses années, par exemple avec du sirop de sucre, afin de réaliser des bénéfices plus importants. Des équipes d’enquête internationales traquent les fraudeurs.
L’opération de contrôle « From the Hives » de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), par exemple, a été couronnée de succès en 2023 avec la participation de la Suisse: 46% des échantillons de miel suspects testés étaient frelatés. Au total, 133 importateurs et exportateurs de miel impliqués ont été sanctionnés. Mais les fraudeurs connaissent les tests des autorités et procèdent de manière professionnelle pour les déjouer. Selon les connaisseurs du milieu, ils manipulent le sirop de sucre de telle sorte que le miel frelaté passe les tests.
Nouveau test ADN en provenance d’Estonie
C’est pourquoi, depuis environ huit ans, des scientifiques du monde entier travaillent sur des tests ADN pour contrôler le miel et échangent leurs découvertes. Pour détecter les contrefaçons de miel, ils identifient plusieurs millions de séquences d’ADN de plantes, de bactéries, de champignons, d’animaux et même d’humains.
À l’aide d’un nouveau test ADN, le laboratoire estonien Celvia a déjà classé le miel vendu dans les commerces allemands et autrichiens comme « non authentique » – et maintenant c’est le tour du miel vendu en Suisse. Après des années de recherche, le laboratoire propose depuis l’an dernier ce test ADN pour vérifier l’authenticité du miel.
Des résultats à prendre au sérieux
Si les producteurs et fournisseurs critiquent la nouvelle méthode de test, pour Michael Traugott, professeur à l’Université d’Innsbruck, les résultats du laboratoire Celvia doivent être pris au sérieux. Il travaille depuis plus de vingt ans sur le développement et l’utilisation de l’analyse des traces d’ADN. En 2018, il a cofondé le laboratoire Sinsoma, une spin-off de l’Université d’Innsbruck.
Il a analysé les miels d’Allemagne et d’Autriche que Celvia avait déclarés « non authentiques » et est parvenu à des résultats semblables. Ces résultats pourraient permettre d’avoir une longueur d’avance sur les fraudeurs lors de la vérification de l’authenticité du miel.
Source : https://www.rts.ch/