
Des chercheurs australiens ont conclu que la consommation de suppléments de probiotiques pourrait avoir un impact bénéfique sur une fonction cognitive essentielle appelée « mémoire de travail ».
Une nouvelle étude publiée dans Nutritional Neuroscience a examiné l’impact des suppléments de probiotiques, d’un régime riche en prébiotiques ou de leur combinaison, appelée traitement synbiotique, sur la fonction cognitive chez l’adulte. L’essai fournit des preuves provisoires selon lesquelles une supplémentation en probiotiques pourrait améliorer la mémoire de travail. Cependant, les résultats sont préliminaires et les chercheurs soulignent la nécessité de mener des études plus vastes pour confirmer ces effets.
L’axe intestin-cerveau, une autoroute essentielle à notre corps
Pour comprendre comment et pourquoi un traitement ou une alimentation à base de suppléments de probiotiques peut avoir des effets positifs sur la mémoire, il faut s’intéresser à ce qu’on appelle : l’axe intestin-cerveau. Il s’agit d’un système de communication complexe et bidirectionnel entre le système digestif et le cerveau, par des voies neuronales, hormonales…
Au centre de cette connexion se trouve le microbiote intestinal qui joue un rôle clé en influençant le fonctionnement et le comportement du cerveau. Les microbes du microbiote intestinal produisent divers métabolites tels que des acides gras et des neurotransmetteurs, qui peuvent réguler l’inflammation, avoir un impact sur l’humeur et affecter les processus cognitifs comme la mémoire et l’attention.
Et l’un des moyens d’influencer le microbiote intestinal est d’utiliser les probiotiques, des micro-organismes vivants qui présentent des effets bénéfiques pour la santé lorsqu’ils sont consommés en quantités adéquates. Généralement apportés par le biais de suppléments ou d’aliments fermentés comme le yaourt et le kéfir, les probiotiques peuvent aider à rétablir l’équilibre du microbiote intestinal, à améliorer la production de métabolites bénéfiques.
Une étude menée sur une centaine d’adultes d’âges différents
Pour mieux comprendre si des interventions centrées sur l’intestin pourraient entraîner des améliorations sur la santé mentale, les chercheurs australiens ont conçu un essai contrôlé sur 8 semaines pour comparer les effets sur 118 personnes âgées de 18 à 65 ans répartis dans l’une des quatre catégories :
– Le groupe probiotique qui a reçu des suppléments de probiotiques tout en maintenant son régime alimentaire habituel.
– Le groupe de régime prébiotique qui a suivi un régime riche en prébiotiques et a reçu des capsules placebo.
– Le groupe synbiotique qui a reçu à la fois les suppléments probiotiques et le régime riche en prébiotiques.
– Le groupe placebo qui a pris des capsules placebo et a continué son régime alimentaire habituel.
Au début et à la fin de l’essai, les participants ont effectué des évaluations cognitives à l’aide d’un test mesurant la vitesse de traitement, l’attention, l’apprentissage visuel et la mémoire de travail. Les chercheurs ont pu noté que la supplémentation en probiotiques semble avoir l’effet le plus prometteur. Leurs résultats suggèrent une amélioration potentielle de la mémoire de travail, l’une des fonctions cognitives essentielles impliquées dans la conservation et la manipulation d’informations sur de courtes périodes.
Les chercheurs espèrent élargir leur étude
Toutefois, les chercheurs admettent que plusieurs facteurs pourraient avoir influencé les résultats. Par exemple, la taille de l’échantillon était relativement petite et l’étude n’était pas spécifiquement conçue pour mesurer les effets cognitifs. De plus, les participants étaient globalement des adultes en bonne santé, de quoi « limiter la portée de la détection des améliorations », a déclaré Tanya Freijy, auteure de l’étude et doctorante à l’Institut Florey des neurosciences et de la santé mentale de l’Université de Melbourne. « Les preuves restent peu concluantes jusqu’à ce qu’elles soient reproduites dans des études plus vastes, idéalement avec des mesures cognitives plus complexes », ajoute-t-elle.
Malgré tout, les chercheurs restent optimistes et espèrent « relier l’analyse du microbiome issue de ce projet, aux changements que nous avons observés dans la santé mentale et la cognition ».
Source : https://www.santemagazine.fr/