
Aujourd’hui, 1 personne sur 10 dans le monde souffre de la faim. Un constat intolérable pour l’ONG belge Iles de Paix. Revenir aux graines paysannes bio et reproductibles, c’est une des solutions pour reprendre la main sur notre alimentation, partout dans le monde. Iles de Paix s’y emploie dans les pays d’Afrique et d’Amérique Latine les plus confrontés à l’insécurité alimentaire. L’ONG entame ce week-end des 17,18,19 janvier sa 55e campagne de récolte de fonds.

Pour bien comprendre, rien de tel qu’un exemple. Cap sur la Tanzanie où Iles de Paix soutient un projet de lutte contre la faim. Là-bas, c’est une personne sur 4 qui souffre de la faim. Modeste et sa famille n’en font plus partie et Iles de Paix compte sur eux pour partager et propager un nouveau modèle d’agriculture familiale qui fait passer la couverture des besoins alimentaires locaux avant la production intensive destinée au marché de l’agroalimentaire.
Pourquoi Modeste ? Parce que cet agriculteur, soumis comme tous les autres aux lois du marché, a pris soin de constituer une grainothèque de semences paysannes locales, robustes et reproductibles susceptibles de mieux s’adapter aux effets tangibles du changement climatique dans cette région du globe.
Valoriser ce trésor, c’était le cœur du projet d’Iles de Paix. Formé à l’agroécologie et soutenu par des professionnels engagés sur place par Iles de Paix, Modeste est devenu l’ambassadeur d’un pari gagnant : des fruits, des légumes, des céréales à satiété, un petit élevage pour nourrir sainement sa grande famille, ses voisins au besoin. Des voisins de plus en plus curieux des méthodes mises en place par Modeste et désireux de se les approprier. Et c’est là toute la philosophie d’Iles de Paix : essaimer pour lutter efficacement et durablement contre l’insécurité alimentaire.
La révolution verte et ses dérives

Qu’on ne s’y trompe pas, l’objectif de l’après-seconde guerre mondiale, c’était bien de créer des ressources alimentaires pour nourrir le plus grand nombre. Et le plan d’agriculture intensive mis en place a plutôt bien fonctionné. Trop bien, sans doute, puisqu’il a conduit à la cotation en bourse de produits de première nécessité comme les céréales, par exemple.
Contraints d’acheter leurs semences non reproductibles chaque année et soumis aux lois du marché, les agriculteurs et l’agriculture familiale en particulier, ont largement payé l’addition. Pour toujours plus de rendement, s’est ajoutée à cela l’utilisation intempestive d’engrais chimiques, de pesticides et de fongicides qui, non seulement épuisent la terre, mais s’avèrent, dans bien des cas, nocifs pour la santé des agriculteurs qui manipulent ces produits et pour les consommateurs.
Bref, le monde agricole s’est mis à tourner à l’envers. Inverser le mouvement, c’est un combat difficile, entamé par des précurseurs, notamment en ce qui concerne les semences.
Le retour aux semences paysannes

Cadenassé par les quatre semenciers industriels mondiaux, le marché des semences ne laisse plus guère de place aux semences paysannes. Mais la résistance s’organise. Comme Modeste en Tanzanie, Semailles en Belgique produit des semences paysannes vendues désormais en toute légalité aux particuliers, après un dur combat.
L’objectif : remettre en culture des variétés bio et reproductibles pour préserver notre patrimoine légumier régional. Chez nous aussi, le mouvement essaime, soutenu par des consom’acteurs, désireux de renouer avec une alimentation saine et plus respectueuse des ressources de notre terre nourricière.
Si vous pensez que ce mouvement mérite d’être soutenu, y compris dans des pays confrontés, non seulement aux effets du changement climatiques, mais avant tout à la faim, vous ne serez peut-être pas insensible aux sollicitations des bénévoles qui se mobilisent ce week-end pour défendre la cause au nom d’Iles de Paix.
Source : https://www.rtbf.be/