

Alors que la loi Duplomb a été définitivement adoptée au Parlement, un laboratoire rennais propose un répulsif moins toxique. Agriodor met au point des produits contre les pucerons pour protéger les cultures, sans aucun produit chimique, avec simplement des odeurs naturelles.
Et si demain, des parfums permettaient de diminuer l’usage de produits phytosanitaires ? C’est en tout cas le pari d’Agriodor, un laboratoire rennais spécialisé dans la lutte contre les insectes ravageurs.
« Les odeurs peuvent intervenir à différentes étapes du cycle de développement de l’insecte, on peut perturber son déplacement, mais également sa reproduction explique Margot Tixeront, responsable performance et innovation. En jouant sur plusieurs comportements (déplacement, reproduction, alimentation) on a un impact à plusieurs moments du cycle de développement de l’insecte. »
Des parfums pour lutter contre les insectes
Alors depuis 2019, les chercheurs étudient pucerons, mouches des fruits ou aleurodes (une petite mouche blanche qui attaque les plants de tomates ou d’aubergines), et surtout leurs réactions face à certains parfums.
« Les odeurs, c’est un bouquet de molécules volatiles qu’on a identifiées et assemblées, ajoute Margot. On vient identifier quelles sont les molécules odorantes qui ont un effet sur le comportement des insectes et on vient les réassembler en des mélanges odorants pour créer des parfums qui ont soit des effets répulsifs, soit des effets attractifs sur un insecte en particulier. »
70 % des espèces d’insectes réagissent aux odeurs, qu’ils détectent grâce à leurs antennes… »Si on vient perturber la reproduction, on vient diminuer les populations futures, les odeurs peuvent avoir un effet à long terme en réduisant les populations. » D’autres parfums vont perturber l’alimentation, entraînant là encore une chute de la reproduction.
« Comme on ne vient pas tuer les insectes, on exerce une pression de sélection qui est moins forte, on a moins de risques de résistance ou de développement de résistance par rapport aux odeurs. »
Margot Tixeront, responsable performance et innovation chez Agriodor
Une solution pour diminuer les pesticides ?
Pour tester ces découvertes, une équipe de 35 personnes élève pucerons verts, mouches et autres ravageurs de tous types de culture. Mais pourra-t-on remplacer les pesticides par du parfum ? Pas si simple. « Selon le nombre d’insectes, et le typede culture, ajoute Nasthasia Cherotzky, cheffe produit, c’est une solution qui va soit pouvoir être utilisée seule et qui va se suffire à elle-même, soit qui va pouvoir être utilisée en complémentarité avec d’autres solutions. Ça peut être avec des insecticides, ça peut être des plantes compagnes, ça peut être des pratiques agronomiques, donc c’est vraiment une solution qui va venir s’intégrer dans les pratiques globales de l’agriculteur pour être capable de lutter contre l’insecte ravageur ».
Sous forme de liquides qui seront pulvérisés ou de granulés, le procédé a déjà fait ses preuves. Le nombre de pucerons est divisé par deux dans les champs de betterave sucrière. Le répulsif Insior utilisé dans les champs de Hauts-de-France est distribué par Syngenta, le géant mondial des pesticides. Pas tout à fait anodin.
Source : https://france3-regions.franceinfo.fr/