
Une récente étude menée par l’Institut de recherche sur le diabète et les maladies métaboliques du Centre Helmholtz de Munich et l’Université de Tübingen, en collaboration avec le Centre allemand de recherche sur le diabète, a mis en lumière les conséquences surprenantes d’un régime alimentaire hypercalorique à court terme sur le cerveau humain. En seulement cinq jours, une alimentation riche en aliments ultra-transformés altère la réactivité du cerveau à l’insuline, favorise l’accumulation de graisse dans le foie et perturbe les mécanismes liés à l’apprentissage de la récompense. Des effets qui pourraient à long terme influencer les comportements alimentaires et favoriser l’apparition de maladies métaboliques.
Une étude menée sur des hommes en bonne santé
L’étude a été réalisée sur 29 hommes en bonne santé âgés de 19 à 27 ans, avec un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 19 et 25 kg/m². Les participants ont été divisés en deux groupes : dix-huit d’entre eux ont suivi un régime hypercalorique (RHC) en consommant 1 500 kcal supplémentaires par jour à partir d’aliments ultra-transformés, tandis que les onze autres ont conservé leur alimentation habituelle. Cette phase a duré cinq jours au cours desquels l’activité physique des participants a été limitée à moins de 4 000 pas par jour.
À l’issue de cette courte période, les participants du groupe RHC ont augmenté leur apport calorique quotidien d’environ 1 200 kcal en moyenne. Bien que leur poids corporel n’ait pas significativement changé, la teneur en graisse du foie a progressé de façon notable, passant de 1,55 % à 2,54 %. Aucune modification de la sensibilité périphérique à l’insuline ou des marqueurs inflammatoires n’a été observée.
Des effets directs sur le cerveau
Les chercheurs ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour évaluer la réactivité du cerveau à l’insuline. Trois tests ont été réalisés : au début de l’étude, juste après les cinq jours de régime hypercalorique et une semaine après le retour à une alimentation normale. Les résultats ont montré une augmentation temporaire de la réactivité à l’insuline dans certaines zones du cerveau, comme le cortex insulaire droit et le mésencéphale. Cependant, une semaine après la fin du régime, cette activité était significativement réduite dans des régions liées aux fonctions cognitives, comme l’hippocampe et le gyrus fusiforme.
Cette baisse de réactivité à l’insuline est particulièrement préoccupante, car elle est associée à des troubles métaboliques tels que l’obésité et le diabète de type 2. Cette hormone joue en effet un rôle clé dans la régulation de l’appétit et du métabolisme et une résistance à cette dernière dans le cerveau peut entraîner des comportements alimentaires déséquilibrés.

Un impact sur l’apprentissage de la récompense
L’une des découvertes les plus frappantes de cette étude concerne les effets du régime hypercalorique sur l’apprentissage de la récompense, un processus qui influence la motivation et la prise de décision. Après cinq jours de consommation d’aliments ultra-transformés, les participants du groupe RHC ont montré une sensibilité réduite aux récompenses et une réactivité accrue aux punitions.
Ces perturbations, bien qu’elles aient commencé à s’atténuer après une semaine de régime normal, ne se sont pas totalement résorbées. Ce phénomène pourrait préparer le cerveau à adopter des comportements alimentaires malsains à long terme, renforçant la préférence pour les aliments riches en calories et augmentant le risque d’obésité.
Des conclusions préoccupantes
Les résultats de cette étude publiée dans la revue Nature Metabolism montrent qu’une surconsommation d’aliments ultra-transformés, même sur une courte période, peut avoir des effets prolongés sur le cerveau et le métabolisme. La modification de la réactivité à l’insuline et la perturbation des mécanismes d’apprentissage de la récompense soulignent l’importance d’une alimentation équilibrée pour maintenir la santé cérébrale et prévenir les maladies métaboliques.
Ces découvertes invitent à repenser nos habitudes alimentaires et à prendre conscience de l’impact des aliments ultra-transformés sur notre santé, au-delà des simples questions de poids ou de calories.
Source : https://sciencepost.fr/