Des chercheurs de l’Institut Karolinska en Suède ont utilisé une intelligence artificielle pour comparer l’âge de leur cerveau avec leur âge réel. Certaines pratiques et consommations pourraient faire vieillir le cerveau plus rapidement.

Certains d’entre nous font plus jeune que leur âge, dit-on : la peau, par exemple, peut sembler plus lisse au vue de l’âge réel. Différents facteurs peuvent l’expliquer : exposition et protection face au soleil, consommation de tabac et d’alcool, alimentation déséquilibrée… Cela pourrait être la même chose pour notre cerveau. Certains pratiques, maladies ou consommation pourraient le faire vieillir plus vite, ou le préserver plus longtemps.
Une équipe de chercheurs de l’université médicale Institut Karolinska de Stockholm s’est intéressée aux facteurs de vieillissement du cerveau. L’équipe était dirigée par Anna Marseglia, docteure en neuropsychologie et spécialiste du vieillissement. L’étude a été publiée dans la revue Alzheimer’s & Dementia.
« Nous voulions étudier ce qui peut renforcer la résistance du cerveau aux processus pathologiques du vieillissement », détaille Anna Marseglia aux journalistes de MedicalXpress. Cette démarche permettrait d’identifier des facteurs qui pourraient réduire le risque de développer une démence. La forme la plus commune de démence est la maladie d’Alzheimer.
Les scientifiques se sont aidés d’une intelligence artificielle
Les scientifiques ont analysé les données de 739 Suédois et Suédoises âgées de 70 ans, sans démence. Les participants ont réalisé une IRM cérébrale, une prise de sang et ont participé à des tests cognitifs. Ils étaient aussi invités à préciser leurs habitudes de vie : activité sportive, consommation d’alcool, de tabac… L’objectif était d’analyser quels pouvaient être les facteurs responsables d’un cerveau apparemment plus vieux ou plus jeune.
Les imageries cérébrales étaient analysées par une intelligence artificielle qui estimait l’âge du cerveau de chaque participant. Les références de base pour l’intelligence artificielle ont été construites avant l’étude, en associant l’âge et l’IRM du cerveau de plus de 18 000 personnes, âgées de 56 ans à 74 ans.
« Les algorithmes pilotés par l’intelligence artificielle prédisant l’âge physiologique du cerveau offrent des informations précieuses sur la santé cérébrale, permettant d’identifier les facteurs modifiables associés aux processus de vieillissement atypiques, c’est-à-dire les écarts par rapport à l’âge chronologique », écrivent les scientifiques. L’intelligence artificielle a estimé que la moyenne d’âge du groupe de participants à l’étude était de 71 ans.
Le fait de consommer de l’alcool prédispose à un cerveau qui vieillit plus vite
AVC, diabète, et inflammation étaient liés à un cerveau d’apparence plus âgé. Au contraire, les personnes qui pratiquaient de l’exercice tous les jours étaient plus sujets à avoir un cerveau plus jeune. Les personnes qui souffraient d’obésité par exemple, pouvait avoir un cerveau plus jeune que la moyenne si elles pratiquaient une activité physique.
Les chercheurs ont observé des différences entres les genres. Chez les femmes, le fait de consommer de l’alcool ou d’avoir eu un AVC était associé avec un cerveau d’apparence plus âgé. Au niveau cognitif, ces femmes avaient plus de troubles de la mémoire épisodique (la mémoire liée à note histoire personnelle, notre mémoire autobiographique). Chez les hommes, un cerveau apparemment plus âgé était lié à des niveaux d’inflammation, de sucre et de lipides (graisses) plus élevés dans le sang. Les troubles cognitifs de ces hommes étaient différents de ceux des femmes : ils avaient un discours moins fluide et des capacités d’attention réduites. Pour les participants des deux genres, un cerveau qui paraissait plus âgé était à l’origine de moins bons résultats cognitifs en général.
« L’étude montre que les facteurs qui affectent négativement les vaisseaux sanguins peuvent également être liés à un cerveau plus âgé, ce qui montre à quel point il est important de maintenir les vaisseaux sanguins en bonne santé, pour protéger le cerveau », explique Anna Marseglia. « On peut par exemple veiller à ce que le niveau de glucose dans le sang reste stable. » Cela pourrait participer à limiter le développement de démences.
Source : https://www.topsante.com/