
Le virus H5N1 se propage par des oiseaux sauvages dans ce pays d’Asie de l’Est, qui abrite cinq millions de chevaux.
Alors que la crainte d’une pandémie de grippe aviaire plane, l’on apprend que le cheval est un porteur silencieux du virus. Une récente étude de l’Université de Glasgow révèle qu’en Mongolie, nombre de chevaux possèdent des anticorps contre le sous-type H5N1 du virus de la grippe A (aussi connue sous le nom de «grippe aviaire»), ce qui indique une infection antérieure. Aucune des bêtes mongoles n’a cependant été déclarée malade, note le quotidien britannique The Telegraph.
Ces résultats suscitent de vives inquiétudes chez ceux qui vivent et travaillent auprès des chevaux et autres équidés, qu’il s’agisse de cow-boys américains, de fermiers écossais ou de cavaliers mongols. En 2024, déjà, plus de soixante personnes sont tombées malades après avoir été exposées à du bétail infecté.
Si ce virus inquiète, c’est qu’il est largement répandu chez les oiseaux domestiques et sauvages de tous les continents. Des tests ont ainsi été effectués en Mongolie dans la province d’Arkhangai (centre du pays), une zone humide avec une grande population d’oiseaux sauvages, et dans le désert de Gobi (sud du pays), une région sèche bien moins peuplée d’animaux.
Plus de chevaux que d’humains
On ignore toutefois comment les chevaux mongols ont contracté le virus. L’année dernière, la Mongolie a connu une saison hivernale meurtrière connue sous le nom de «dzud», tuant des millions d’animaux d’élevage à cause du froid et de la famine. Il serait possible que les chevaux aient été contraints de se nourrir de carcasses d’oiseaux morts, porteurs naturels du virus, alors qu’une grande partie des pâturages du pays d’Asie de l’Est étaient gelés. Les chevaux sont certes herbivores, mais ils mangent de la viande en dernier recours.
Une fois entrée dans un troupeau, la grippe A peut se transmettre entre les bêtes. Cette situation est préoccupante en Mongolie, pays qui compte cinq millions de chevaux, soit près de deux millions de plus que sa population humaine. Ici, ces animaux sont profondément ancrés dans la culture et l’économie. La population vit et travaille en contact avec les bêtes, ce qui augmente la probabilité de transmission à l’humain. Le cheval mongol est utilisé pour voyager, garder les troupeaux ou faire du sport –les courses de chevaux sont enracinées dans l’héritage nomade du pays.
Une autre crainte réside dans la boisson nationale mongole, le koumis, fait à base de lait fermenté. Le fait que les chevaux puissent être infectés par la grippe aviaire est alarmant compte tenu de la situation actuelle en Amérique du Nord, où le virus s’est rapidement propagé parmi le bétail laitier, expliquent les chercheurs à l’origine de l’enquête.
Et puis, les chercheurs redoutent une mutation du H5N1 dans le corps des chevaux, au contact d’autres virus –un processus connu sous le nom de recombinaison vitale. Les chevaux peuvent déjà attraper la grippe équine, qui est endémique en Amérique du Nord. Avec la propagation rapide de la grippe aviaire parmi le bétail aux États-Unis, les chevaux pourraient être co-infectés par les virus de la grippe aviaire et équine, et ainsi être à l’origine de la création d’une nouvelle souche mutante. Si une telle chose se produit, les gouvernements devront agir rapidement afin d’enrayer la propagation.
Source : https://www.slate.fr/