
Des chercheurs ont mesuré les effets de la hausse des températures sur les champignons pathogènes dans différents endroits du monde. Il en ressort que le réchauffement climatique pourrait favoriser la propagation de ces champignons, mettant en danger des millions de personnes, notamment en Europe.
Les amateurs de la série The Last of Us apprécieront sans doute. Le réchauffement climatique pourrait favoriser la prolifération de champignons pathogènes, notamment en Europe, selon une étude préliminaire, publiée mercredi 7 mai, par des chercheurs de l’université de Manchester (Royaume-Uni). Ils estiment que le monde se rapproche d’un « point de bascule » face à l’augmentation des cas d’infections fongiques, leur danger étant particulièrement sous-estimé et les fongicides parfois inefficaces.
Dans leur étude, les chercheurs ont mesuré les impacts d’une hausse des températures dans plusieurs endroits du monde, en modelant différents scénarios jusqu’en 2100. Les résultats sont en partie affichés sur des cartes qui mettent en évidence les zones de propagation des champignons. Il ressort par exemple que la propagation du champignon pathogène Aspergillus fumigatus pourrait s’accroître de 77,5% en Europe, ce qui mettrait potentiellement en danger neuf millions de personnes sur le continent.
« Les champignons ne font pas l’objet de beaucoup de recherches par rapport aux virus et aux parasites, mais ces cartes montrent que les infections fongiques affecteront probablement la plupart des régions du monde dans le futur. Il est primordial de sensibiliser sur ce sujet et de développer des traitements efficaces », a plaidé le coauteur.
Des infections passées inaperçues
L’un des champignons les plus dangereux pour la santé humaine appartient au genre Aspergillus. L’inhalation de ses spores – ces microscopiques cellules de reproduction – peut provoquer l’aspergillose, une maladie infectieuse qui atteint les poumons et peut se diffuser vers d’autres organes, comme le cerveau.
Une personne en bonne santé ne développe pas systématiquement de maladie, mais les personnes à risques sont beaucoup plus exposées aux formes graves, notamment les immunodéprimés ou les patients atteints d’une maladie pulmonaire chronique. Des infections passent inaperçues ou sont détectées tardivement en raison d’un mauvais diagnostic ou d’un manque de sensibilisation de certains médecins à ces infections. « On parle de la vie de centaines de milliers de gens, et d’une dispersion des espèces [de champignons] d’un continent à l’autre, décrit Norman van Rhijn, le coauteur de l’étude, auprès du Financial Times.
« Dans 50 ans, les endroits où les champignons pousseront et où les gens seront infectés n’auront rien à voir avec aujourd’hui. »
Le Financial Times rappelle par ailleurs que le monde des champignons regorge encore de mystères, car plus de 90% des espèces restent inconnues, d’après un rapport de chercheurs britanniques publié en 2023. Certaines études récentes estiment que les infections fongiques sont responsables de la mort d’environ 3,8 millions de personnes chaque année dans le monde.
Source : https://www.francetvinfo.fr/