L’utilisation des plantes médicinales a toujours fait partie de nos usages et coutumes. Pourtant, ce savoir ancestral subit un coup d’arrêt en France en 1941, sous le régime de Vichy, avec l’interdiction de former de nouveaux herboristes…
Depuis, les plantes qui habitent notre quotidien sont auréolées de mystères. En plein cœur de l’hiver c’est le bon moment pour en apprendre plus sur ces plantes qui nous entourent et, pourquoi pas, tenter de nouveaux cocktails pour attaquer cette nouvelle année en beauté !
L’histoire des plantes médicinales
Depuis la préhistoire, les hommes observent et utilisent les plantes pour leurs bienfaits. Les premières traces écrites de ce savoir remontent à 5 000 ans avant J.-C. Dans l’Antiquité, le célèbre Hippocrate, considéré comme le père de la médecine, prônait une approche basée sur les simples (plantes médicinales utilisées seules). Mais c’est Dioscoride, un médecin et botaniste grec du 1ᵉʳ siècle, qui a véritablement révolutionné la connaissance des plantes.
Dans son ouvrage monumental, le De Materia Medica, Dioscoride a répertorié près de 600 plantes, en décrivant leurs propriétés thérapeutiques, leurs modes d’utilisation et leurs préparations. Des plantes comme le tilleul, le thym ou bien encore la menthe, aujourd’hui si familières, figuraient déjà dans ses écrits.
Au Moyen Âge, les monastères européens deviennent les gardiens du savoir médicinal. Les «jardins de simples» des abbayes abritent des plantes comme la sauge, le thym ou la mélisse, essentielles pour les soins. Au 19e siècle, les chimistes ont permis à la phytothérapie de faire un pas de géant puisqu’ils découvrent les alcaloïdes et les hétérosides, véritables points de départ de la thérapeutique scientifique.
Pourtant, sous le régime de Vichy, l’interdiction de former de nouveaux herboristes tombe et reste toujours en vigueur en 2024 ! Cet arrêt, prononcé en 1941, était lié à une volonté de réguler la médecine mais aussi à la pression de la pharmacie industrielle naissante. Seules les personnes encore titulaires du diplôme d’herboriste peuvent aujourd’hui légalement exercer, ce qui limite drastiquement la transmission de ce savoir.
Des légendes incroyables
Les plantes médicinales, avec lesquelles nous cohabitons depuis la nuit des temps, sont bien plus que des remèdes. Elles ont toujours fasciné par leurs mystères et ont donné naissance à de nombreuses légendes. En voici quelques unes…
Le romarin (Rosmarinus officinalis), un purificateur
Littéralement « Rose de Marie » puisqu’elle est la plante préférée de la Vierge Marie dont les vêtements déteignirent sur les fleurs initialement blanches de l’arbuste ! Devenues bleues, les fleurs du romarin gagnent en prestance et la plante de Marie devient un symbole de fidélité et de purification. Il accompagnait les cérémonies religieuses et on en brûlait lors des épidémies pour assainir l’air des habitations. Utilisé en infusion, le romarin combat le stress et la fatigue qui l’accompagne et lutte aussi contre les affections respiratoires.
Le sureau (Sambucus nigra), un protecteur
Vous ne le savez sûrement pas mais la baguette du plus puissant des sorciers est faite en bois de… ? Sureau ! Il a longtemps été considéré comme l’arbre protecteur des fées et des sorciers mais pas seulement puisqu’il protège la biodiversité et notre santé. Il nous offre d’ailleurs deux cadeaux dans l’année : des fleurs aux parfums envoûtants et des baies !
L’utilisation du sureau ne date pas d’hier et les Gaulois l’utilisaient déjà pour ses propriétés tinctoriales et pour faire de nombreux objets. Ses fleurs sont réputées pour calmer les fièvres et purifier l’âme. Une ancienne croyance affirme que boire une tisane de fleurs de sureau à la Saint-Jean assurerait protection et prospérité pour l’année à venir. Les baies, quant à elles, sont antioxydantes et anti-inflammatoires.
La verveine (Verbena officinalis), la digestive
Surnommée « herbe des magiciens », la verveine était sacrée chez les Celtes, qui l’utilisaient dans leurs rituels pour invoquer la paix ou dénouer les conflits. Plus tard, au Moyen Âge, elle devint une plante de protection contre les mauvais sorts et était portée en couronne lors des cérémonies.
Dédiée à Vénus chez les romains, on l’utilisait pour faire des philtres d’amour. Elle se récolte de façon rituelle à l’heure de Vénus (vers 10h ou 15h), idéalement les mardis, jeudis ou vendredis du mois de mai : attention c’est précis ! Aujourd’hui, elle est surtout reconnue pour ses propriétés digestives (pour éviter de trop somnoler après des repas conséquents) !
Les propriétés des plantes médicinales
Si les légendes nourrissent l’imaginaire, les propriétés médicinales des plantes reposent sur des savoirs scientifiques bien réels qui ont été étudiés à partir du 19e siècle. Voici quelques unes des propriétés associées à des plantes qui font partie de notre quotidien et qui peuvent s’avérer très utiles à la saison froide !
Le thym (Thymus vulgaris) : bien connu contre le rhume, c’est un antiviral et un antiseptique. Il est idéal contre les maux de gorge et les infections respiratoires. Ses huiles essentielles (thymol, carvacrol) sont des alliées puissantes en hiver.
La camomille (Matricaria chamomilla) : on le sait d’instinct, boire une infusion de camomille, ça a quelque chose d’apaisant. Et effectivement, elle est surtout reconnue pour ses vertus sédatives, idéales en cas de stress. Elle contient également des flavonoïdes qui apaisent les muqueuses et facilitent la digestion.
Le sureau (Sambucus nigra) : ses fleurs ou ses baies sont surtout utilisées pour leurs effets diaphorétiques (qui aident à évacuer les fièvres).
Le tilleul (Tilia spp.) : connues pour leurs propriétés calmantes, les fleurs de tilleul favorisent un sommeil réparateur et apaisent les tensions nerveuses. On les utilise aussi pour calmer les symptômes du rhume, grâce à leur effet sudorifique.
Le gingembre (Zingiber officinalis) : en hiver, on le connaît bien notre gingembre ! Il est réputé pour avoir des vertus stimulantes et anti-inflammatoires : il réchauffe le corps et favorise une digestion saine après les repas copieux de l’hiver.
Ces plantes restent indispensables pour traverser la saison froide en toute sérénité.
Source : https://actus-limousin.fr/