Les insectes, bien qu’ils ne possèdent ni cordes vocales ni langage articulé, disposent d’une grande diversité de moyens de communication. Ceux-ci leur permettent de signaler un danger, de trouver un partenaire de reproduction, de marquer un territoire ou encore de coopérer au sein d’une colonie. Les principaux modes de communication utilisés par les insectes reposent sur les signaux chimiques, sonores, tactiles et visuels.
La communication chimique : les phéromones
Les phéromones sont des substances chimiques volatiles produites par les insectes pour transmettre un message à leurs congénères. Elles jouent un rôle fondamental dans l’organisation des sociétés d’insectes et dans la reproduction. Certaines phéromones sont utilisées pour attirer un partenaire sexuel. Chez le papillon Bombyx du mûrier (Bombyx mori), le papillon du ver à soie, la femelle libère une molécule appelée bombykol, qui est perçue par le mâle grâce à ses antennes hyper-sensibles, lui permettant de détecter la présence d’une partenaire potentielle à plusieurs kilomètres de distance. Ce type de communication est particulièrement important pour les espèces dont les individus vivent dispersés et qui doivent se trouver pour assurer leur reproduction.
Les phéromones peuvent aussi être utilisées pour la défense et la protection des colonies. Les abeilles domestiques (Apis mellifera), par exemple, possèdent une phéromone d’alarme qui est libérée lorsqu’une abeille pique un intrus. Cette substance chimique incite les autres membres de la ruche à adopter un comportement agressif et à attaquer la source de menace. Chez les fourmis, des signaux chimiques similaires sont utilisés pour coordonner une réponse collective face à un danger.
D’autres types de phéromones sont dédiés à l’orientation et au marquage des trajets. Les fourmis laissent derrière elles une trace olfactive sur le sol lorsqu’elles trouvent une source de nourriture. En renforçant cette piste avec leurs propres sécrétions, leurs congénères assurent un flux constant entre la colonie et la source d’alimentation. Cette forme de communication olfactive permet une optimisation des déplacements et une coordination efficace de la colonie. Lorsque l’on se trouve confronté à une “autoroute” de fourmis, rien ne sert de la tuer : il faut simplement interrompre la route de phéromones en nettoyant avec un produit à même de supprimer les informations comme le vinaigre.
La communication sonore : les stridulations et vibrations
Les sons et les vibrations constituent un autre mode de communication largement exploité par les insectes, dont une grande partie vivent dans des environnements sombres ou souterrains où la vision est limitée. Certains insectes produisent des sons en frottant des parties de leur corps, un phénomène connu sous le nom de stridulation. Ce mécanisme est observé chez les criquets et les sauterelles, qui utilisent leurs pattes et leurs ailes pour générer un chant caractéristique. Chez le grillon domestique (Acheta domesticus), les mâles produisent différents types de sons selon la situation : un chant pour attirer les femelles, un autre pour signaler leur présence aux rivaux et un troisième plus agressif lorsqu’ils défendent leur territoire.
D’autres insectes, comme les cigales, utilisent des structures spécialisées appelées timbales pour produire des sons puissants. Ces timbales sont des membranes situées sur l’abdomen, qui vibrent grâce à la contraction rapide de muscles internes. Ce mode de communication est particulièrement efficace sur de longues distances et permet aux cigales mâles d’attirer les femelles tout en signalant leur dominance aux autres mâles présents dans la zone.
D’autres insectes encore utilisent des vibrations pour échanger des informations à travers le substrat sur lequel ils se trouvent. Les cicadelles envoient des signaux en faisant vibrer les tiges des plantes, un moyen de communication qui leur permet de localiser un partenaire sans attirer l’attention des prédateurs. Chez les termites, les ouvriers et les soldats peuvent signaler un danger en tapant leur tête contre les parois du nid, générant ainsi une vibration perceptible par le reste de la colonie.
La communication par le mouvement
Le contact physique est une autre méthode de communication fréquente chez les insectes sociaux. Les fourmis, par exemple, utilisent leurs antennes pour interagir avec leurs congénères et exprimer un besoin. En plaçant, par exemple, sa patte sur la bouche d’une autre, une fourmi signifie qu’elle a faim. C’est également de cette manière qu’elles identifient le rôle de leur congénère au sein de la colonie (nourrice, ouvrière, soldat…), et ainsi les interactions possibles.
Il faut aussi évoquer l’emblématique danse des abeilles, découverte par Karl von Frisch au XXe siècle. Lorsqu’une éclaireuse revient dans la ruche après avoir trouvé un coin d’eau ou de nourriture, elle donne le nectar à goûter à ses congénères. Si ces dernières approuvent, l’éclaireuse va alors se mettre à danser pour leur indiquer l’emplacement de la source de pollen. Elle peut se révéler particulièrement élaborée. Il faut en effet indiquer la direction, la distance et donc la durée du trajet mais aussi la richesse du lieu.
La communication visuelle : signaux lumineux et colorations
La communication visuelle joue également un rôle chez certaines espèces. Les lucioles, par exemple, utilisent la bioluminescence pour attirer des partenaires sexuels. Chaque espèce possède un motif de clignotement spécifique, ce qui permet aux individus de reconnaître les membres de leur propre espèce et d’éviter les confusions.
Les couleurs et motifs corporels arborés par certains insectes jouent davantage un rôle vis-à-vis des prédateurs en les dissuadant de s’en prendre à eux à cause de leur toxicité. C’est notamment le cas du papillon monarque (Danaus plexippus), dont les motifs orange et noirs signalent qu’il contient des substances toxiques issues de l’asclépiade, une plante dont il se nourrit au stade larvaire.
Que se passe-t-il dans le cerveau des insectes ?
Le cerveau des insectes, bien que minuscule en comparaison à celui des mammifères, est remarquablement efficace et optimisé pour les tâches essentielles à leur survie. Composé de plusieurs ganglions interconnectés, il permet une coordination fine des mouvements, de la mémoire et du comportement. Les capacités cognitives des insectes ont longtemps été sous-estimées, mais des études récentes montrent qu’ils peuvent résoudre des problèmes complexes, apprendre de nouvelles informations et même faire preuve d’adaptabilité face aux changements de leur environnement. Certains insectes sociaux, comme les abeilles ou les fourmis, démontrent une forme d’intelligence collective, où chaque individu joue un rôle précis dans un réseau de communication sophistiqué.
La communication chez les insectes repose donc sur une combinaison de signaux chimiques, vibratoires et visuels qui leur permettent de coordonner leurs actions avec une grande efficacité. L’objectif est de transmettre des informations de manière rapide et efficace. Ainsi, bien que leur cerveau soit simple en apparence, les insectes montrent une capacité remarquable à traiter et à partager des informations, ce qui leur permet de s’adapter et de prospérer dans des environnements variés.
Source : https://lemagdesanimaux.ouest-france.fr/