
“Dipteryx oleifera”, un des plus grands arbres de la forêt tropicale humide, attire la foudre. Car en être victime le renforce, ont découvert des chercheurs au Panama.
Que se passe-t-il lorsque la foudre s’abat sur la forêt tropicale ? “Dans les cas les plus extrêmes, c’est comme si une bombe était tombée”, décrit au New York Times Evan Gora, chercheur en écologie forestière au Cary Institute of Ecosystem Studies, aux États-Unis. Lui et ses collègues ont pourtant identifié une espèce d’arbre tropical qui fait exception : Dipteryx oleifera. Elle ne se contente pas de survivre à la foudre, elle prospère grâce à elle. Leurs résultats ont été publiés dans le journal New Phytologist.
C’est sur l’île panaméenne de Barro Colorado, une des principales réserves de forêts humides tropicales, gérée par l’Institut Smithsonian pour la recherche tropicale (STRI), que la singularité de Dipteryx oleifera a été mise en évidence.
“Comme s’il s’agissait d’un paratonnerre naturel”
Entre 2014 et 2019, un système de détection des impacts de foudre a permis de comptabiliser 94 décharges électriques ayant touché directement 93 arbres. “Quelque 85 espèces différentes ont été frappées et sept ont survécu, mais une s’est démarquée au sens propre comme au sens figuré : Dipteryx oleifera”, indique le New York Times. Neuf arbres de cette espèce semblaient plus forts après avoir été foudroyés, alors que la grande majorité des arbres appartenant à d’autres espèces mourrait dans les deux années suivant l’impact.
Ce qui a le plus intrigué les chercheurs, c’est la taille de Dipteryx oleifera : il est 30 % plus haut que les autres arbres, et sa couronne est environ 50 fois plus large. “Comme s’il s’agissait d’un paratonnerre naturel”, commente le journal américain. Autrement dit, comme si cette espèce avait évolué pour recevoir la foudre et se débarrasser de ses concurrentes.
Quand il est foudroyé, Dipteryx oleifera transfère l’électricité à ses voisins grâce à ses branches ou par les lianes qui les relient entre eux. “L’élimination des arbres environnants et des lianes qui parasitent D. oleifera a pour conséquence une moindre compétition pour la lumière, ce qui favorise la croissance et la production de graines”, indique le New York Times. D. oleifera pourrait même gagner en espérance de vie, et vivre jusqu’à près de 300 ans s’il était touché plusieurs fois par la foudre, d’après des modèles de simulation.
Source : https://www.courrierinternational.com/