
Aux États-Unis, des chercheurs ont percé le mystère du placébo, un effet thérapeutique qui survient malgré l’efficacité propre du médicament. Les auteurs ont expliqué le mécanisme responsable de cet effet, une découverte qui pourrait changer la manière d’appréhender la gestion de la douleur chez les patients.
Qu’est-ce qu’un placébo ?
Pour rappel, un placébo est généralement un traitement (comprimé, injection, etc.) qui n’a aucune action spécifique sur le trouble qu’il est censé soulager. Il est donc ici question d’un produit inactif qui agit comme témoin d’un autre traitement. Néanmoins, cette substance semble malgré tout induire des effets biologiques et/ou psychologiques sur les patients par la croyance d’une efficacité, aidant ainsi à l’atténuation des symptômes, notamment la douleur.
La portée de l’effet placébo intéresse de nombreux scientifiques depuis le début des années 2000. Or, le mécanisme cérébral à l’œuvre a enfin été découvert et décrit dans la revue Nature en juillet 2024. L’équipe de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (États-Unis) affirme en effet que lorsque l’on s’attend à un soulagement de la douleur, certains neurones spécifiques s’activent et permettent une réduction de la perception de la douleur.

Un protocole pour illustrer l’effet placébo
Les scientifiques ont mis au point un protocole de conditionnement pour des souris de laboratoire. Durant les trois premiers jours, les cobayes se trouvaient dans deux espaces non séparés et où régnait une température de 30 °C. Les trois jours suivants, le premier espace a été brusquement porté à une température de 48 °C, ce qui a eu pour effet de déclencher une douleur au niveau des nocicepteurs thermiques au niveau des pattes des rongeurs. Des comportements réflexes ont alors fait leur apparition, notamment des sauts et des léchages de pattes.
Alors que le second espace était maintenu à 30 °C, les souris ont progressivement appris à associer le premier espace à la douleur et le second au soulagement. Le septième jour, le second espace a été également porté à 48 °C, mais les souris y sont tout de même entrées, espérant y trouver un soulagement. Une fois à l’intérieur, les comportements réflexes ont été moins nombreux, illustrant ainsi l’effet placébo. Évoquons au passage que les chercheurs ont réalisé des enregistrements de l’activité cérébrale et un marquage génétique de certains neurones.
Vers des nouveaux traitements de la douleur ?
Les résultats de l’étude montrent l’activation d’un circuit cérébral particulier lorsque les souris anticipent l’effet antidouleur. Or, trois zones du cerveau sont concernées : le cortex cingulaire antérieur (douleur), le cervelet (apprentissage) et le pont du tronc cérébral (motricité). Il s’agit ici de zones habituellement séparées, mais qui travaillent ici ensemble pour réduire la perception de la douleur. La découverte est importante dans la mesure où le pont du tronc cérébral n’avait jusqu’ici jamais été associé à la douleur. De plus, le pont du tronc cérébral n’avait jamais été lié directement au cortex cingulaire antérieur. Or, ici, les neurones du cortex lui envoient des signaux et des connexions. Ces neurones contiennent des récepteurs opioïdes qui semblent jouer un rôle dans l’effet analgésique.
Enfin, si l’étude a été réalisée seulement sur des souris, les auteurs sont confiants en ce qui concerne la transposabilité des résultats concernant les humains. En effet, les souris et les humains ont une structure similaire des circuits de la douleur. Il est donc possible qu’à terme, ces travaux et d’autres à venir ouvrent la voie vers la mise au point de molécules qui ciblent le pont du tronc cérébral afin de réduire la douleur.
Source : https://sciencepost.fr/