
Le bois citron est l’un des arbres plus parfumés au monde, mais c’est également l’un des plus rares. Autrefois répandu à travers l’archipel des Seychelles, il a été surexploité à des fins de chauffage et ne pousse aujourd’hui naturellement que sur une seule île. Grâce à des efforts de protection, l’ONG Island Conservation Society a toutefois recensé un « nombre record » de spécimens (The Guardian).
Huit employés et bénévoles de l’ONG Island Conservation Society ont passé des jours entiers à arpenter le terrain accidenté de l’île Aride, dans le nord de l’archipel des Seychelles. L’objet de leur quête ? Le bois citron (Rothmannia annae), ou bwa sitron en créole seychellois – un arbre de la famille du caféier qui a vu son aire de répartition originelle se réduire à ce seul petit territoire de 72 hectares.
Les membres de l’association ont ainsi recensé quelque 2 913 spécimens, soit mille de plus que lors du précédent comptage en 2017, compare le Guardian.
Certains arbres repérés par l’équipe se trouvaient par ailleurs entourés de plus d’un millier de jeunes pousses, ce qui indique que l’espèce aux fleurs blanches piquetées de magenta « prospère désormais sur l’île », précisent nos confrères.
L’île Aride, mal nommée ?
Selon Emma Cotton, responsable de la conservation pour l’ONG, ce succès s’explique par l’élimination des fougères envahissantes, qui a en effet permis d’accroître la surface sur laquelle le bois citron peut s’épanouir. Steve Esther, un ranger local, évoque de son côté l’effet bénéfique d’un climat devenu plus humide, lequel rendrait presque obsolète le nom donné à l’île par les colons français.
Victime de la surexploitation pour son bois utilisé à des fins de chauffage domestique, Rothmannia annae est aujourd’hui classé « en danger critique d’extinction » sur la Liste rouge établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
« C’est un petit arbre adorable », décrit pourtant Rob Lucking, président de la branche britannique d’Island Conservation Society, interrogé par le Guardian. « Il fleurit 10 jours après de fortes pluies et il est très, très parfumé. Quand on revient à Aride par bateau, on peut le sentir à un demi-mille marin (un peu moins d’un kilomètre, NDLR), c’est incroyable », souligne-t-il.

Des tortues à la rescousse
L’espoir de voir le bois citron gagner du terrain sur l’île est d’autant plus fort que les dix tortues géantes des Seychelles transportées sur Aride il y a près de dix ans dans le cadre d’un programme de conservation ont été rejointes, l’année dernière, par une cinquantaine de jeunes individus, notent nos confrères.
Qualifiés d’« ingénieurs écologiques », les tortues jouent en effet un rôle clé dans la dispersion des graines, notamment celles du bois citron. En outre, non seulement ces animaux facilitent l’accès des oiseaux insectivores à leurs proies en grignotant la végétation basse, mais ils creusent également de petites cavités dans le sol où l’eau s’infiltre, abreuvant ainsi l’ensemble de l’écosystème.
Source : https://www.geo.fr/