
L’origine de la coloration des tissus est incertaine. Des traces de teinture naturelle ont toutefois été découvertes sur des tissus datant d’il y a plus de 5 000 ans, et ce, dans le monde entier, de la vallée de l’Indus au Mexique, en passant par l’Afrique de l’Ouest et le Pérou.
L’une des teintures naturelles les plus utilisées dans les temps anciens est celle de l’indigo, obtenue à partir de l’indigotier. C’est ce que l’on appelle un « colorant de cuve », car il n’a pas besoin de fixateur comme les sels de chrome pour rester sur le tissu. L’indigo donne au tissu une couleur vert-jaune au sortir du bain de teinture, puis le tissu prend sa teinte bleue avec l’oxydation du colorant au contact de l’air. Au Japon, l’art de la teinture naturelle se pratique avec l’indigo Aizome et propage un savoir-faire ancestral dont les origines remontent au moins au temps des guerriers du XVe siècle.
Des plantes tinctoriales pour teindre les tissus naturellement
Pour teindre les tissus naturellement, les civilisations anciennes se sont tournées vers les matières premières de la nature. Plantes, lichens, champignons mais aussi mollusques et insectes, la faune et la flore sont riches en possibilités. Mis à macérer dans l’eau, ils servaient ensuite pour réaliser des bains de teinture dans lesquels les tissus étaient plongés. Les plantes tinctoriales, comme le pastel des teinturiers (Isatis tinctoria) en Europe ou l’indigotier au Moyen-Orient et la guède, offrent des bleus intenses. La garance et les gaillets donnent des rouges profonds. La noix de galle et le bois de campêche révèlent du noir, et le genêt promet de magnifiques jaunes.
Époque médiévale : par qui était faite la teinture pour tissu au Moyen Âge ?
C’est à partir du Moyen Âge que le métier de teinturier commence à apparaître. Si les méthodes de fabrication restent les mêmes depuis la préhistoire, le savoir-faire se développe, car les procédés sont encore hasardeux et les résultats peu fiables. Avec la professionnalisation vient la réglementation pour éviter les conflits entre les corporations. On distingue dès lors les teinturiers « à la cuve » des teinturiers « au bouillon » qui ne sont pas autorisés à teindre les mêmes tissus ni à utiliser les mêmes couleurs. Plus tard, avec Louis XIV se distinguent ceux qui font du « petit teint » (bas de gamme) de ceux qui font du « grand teint » (haut de gamme) – ce dernier donnera ses lettres de noblesse à la France en la matière.
Quand la teinture chimique a-t-elle été inventée ?
Les teintures naturelles commencent à disparaître au XIXe siècle avec l’apparition des colorants synthétiques. C’est à William Henry Perkin que l’on doit la première synthétisation d’une molécule naturelle, la mauvéine, en 1856. Treize ans plus tard, le marché verra apparaître la garance synthétique, puis l’indigo. Dès lors, la machine s’emballe. À partir de 1900, ce sont 700 colorants synthétiques qui sont disponibles pour teinter les tissus. Plus résistants, capables de se fixer sur de plus grandes variétés de tissus, avec davantage de nuances disponibles, les colorants synthétiques prennent le pas sur les teintures naturelles, au point de devenir une véritable industrie, comme à Lyon, où elles représentaient la deuxième activité la plus importante de la ville.
Source : https://www.caminteresse.fr/