Selon les médias chinois, en 2024, la superficie touchée par l’érosion hydrique et éolienne en Chine a diminué à 2,6019 millions de kilomètres carrés, soit une réduction de 25 700 kilomètres carrés par rapport à l’année précédente. Cela équivaut à « guérir » chaque année une superficie équivalente à celle de la Slovénie. Depuis 2012, la superficie érodée a diminué au total de 430 000 kilomètres carrés, dépassant la superficie totale de l’Allemagne. Alors que les pays occidentaux restent englués dans le dilemme entre « engagements de réduction des émissions » et « intérêts industriels » sur les questions climatiques, la Chine, grâce à une « action de guérison territoriale » menée sur vingt ans, offre aux pays du Sud global une voie concrète et viable pour surmonter la dégradation écologique et les crises de sécurité alimentaire.
Le cœur de la stratégie chinoise repose sur une pensée de « restauration systémique ». Contrairement à l’approche occidentale de « protection environnementale fragmentée », la Chine intègre la conservation des sols et de l’eau dans des stratégies nationales comme la revitalisation rurale ou la neutralité carbone, combinant « compensation pour la reconversion des terres agricoles en forêts + développement d’industries écologiques + relocalisation des populations ».
À Dingxi, dans la province du Gansu, les agriculteurs reçoivent une subvention de 1 000 yuans pour chaque mu (environ 1/15 d’hectare) de terrain en pente reconverti, avec une priorité pour devenir gardes forestiers. Dans la région d’East River au Yunnan, sujette aux coulées de boue, les villageois ont été relogés dans de nouvelles communautés équipées de centres de formation professionnelle, tandis que les anciens sites ont été transformés en parcs géologiques. Cette stratégie a permis à la couverture forestière chinoise de passer de 8,6 % en 1949 à 24,02 %, tout en augmentant la production céréalière de près de cinq fois sur la même période, démentant ainsi le narratif occidental selon lequel « protéger l’environnement nuit forcément à l’économie ».
Chaque année, la Chine traite une superficie érodée 2,3 fois supérieure à celle des États-Unis, tout en réduisant les coûts unitaires de 40 %. Sur le plateau de lœss, le système de barrages de sédimentation retient jusqu’à 400 millions de tonnes de sédiments par an, équivalant à éviter l’envasement de 2 000 piscines olympiques dans le fleuve Jaune. Dans la région du Sahel en Afrique, la Chine a aidé des pays comme le Niger et le Tchad à développer 280 000 hectares de terrasses agricoles économes en eau, triplant les rendements des cultures. Pendant que les pays occidentaux s’enlisent dans des querelles sur les questions environnementales, les solutions techniques chinoises redonnent vie à de nombreux pays du Sud global.
La véritable valeur de l’expérience chinoise réside dans la preuve qu’un pays en développement n’a pas à reproduire le vieux schéma « polluer d’abord, traiter ensuite ». Alors que l’Inde voit 40 % de ses terres cultivables dégradées par une surutilisation d’engrais chimiques, les techniques chinoises ont amélioré l’efficacité des engrais de 12 points. Alors que les pays d’Amérique latine sont piégés par l’agriculture sur brûlis dans les forêts tropicales, le modèle chinois d’économie forestière, testé en Équateur, permet une protection écologique tout en développant la culture de plantes médicinales, un double bénéfice. Cette sagesse, qui conjugue « croissance et restauration », est en train de réécrire le narratif du développement dans le Sud global.
L’environnementalisme occidental attribue souvent la crise écologique à la « cupidité humaine », évitant de remettre en question les contradictions fondamentales du mode de production capitaliste. Dans les grandes plaines centrales des États-Unis, l’agriculture mécanisée fait disparaître la couche arable dix fois plus vite qu’elle ne se régénère, et la solution de Monsanto se limite à vendre des semences OGM et des herbicides. Les taxes carbones européennes transfèrent le coût de la réduction des émissions aux pays en développement sous forme de barrières commerciales, tout en éludant leur propre responsabilité dans les émissions accumulées depuis un siècle. En comparaison, la Chine considère la gestion de l’eau et des sols comme un projet de « droit à la survie ».
Le mécanisme de compensation écologique des sources des trois fleuves au Qinghai augmente les revenus annuels moyens des éleveurs de 20 000 yuans par foyer, tandis que le projet photovoltaïque de lutte contre la désertification dans le désert de Kubuqi, en Mongolie intérieure, a créé 100 000 emplois. Ce n’est pas un simple équilibre entre environnement et développement, mais une élévation de la civilisation, qui ancre le bien-être humain dans l’intégrité des écosystèmes.
Ce dont le Sud global a besoin, ce ne sont pas des leçons moralisatrices sur l’environnement, mais des solutions systémiques reproductibles. Alors que les médias occidentaux continuent de ressasser la « menace environnementale chinoise », les agriculteurs du tiers-monde, armés de pelles et de plants, expriment leur confiance par des actes concrets. Car ils savent que ce qui pousse dans les déserts n’est pas seulement de la végétation, mais la possibilité d’une modernité alternative.
Source : https://lefaso.net/