
L’agronome Philippe-Antoine Taillon, conseiller expert en cultures légumières et fruitières en serre du MAPAQ, a rapporté quelques technologies prometteuses pouvant s’appliquer au secteur serricole québécois du Canadian Greenhouse Conference qui s’est tenu en octobre 2024 à Niagara Falls.
Quelques semaines plus tard lors du Colloque maraîcher en serre, organisé par le CRAAQ en novembre 2024, Philippe-Antoine Taillon a exposé ce qui l’avait interpellé en matière d’innovation chez nos voisins de l’Ouest.
Il a retenu huit nouveautés susceptibles d’améliorer la performance des serriculteurs québécois.
Huit options pour optimiser l’efficacité de sa serre
1. L’éclairage Del : Il existe depuis 1927, mais il n’est vraiment utilisé dans les serres que depuis cinq ans. On estime que l’exploitant épargne 40% par rapport aux éclairages traditionnels. Il a aussi l’avantage de contrôler la variation de l’intensité lumineuse pour reproduire le jour et la nuit, par exemple, mais également émettre des longueurs d’ondes qui conviennent à la plante. C’est ce que l’on appelle la recette lumière, dont certains spectres lumineux peuvent, par exemple diminuer les maladies.
2. Plant sauna : C’est une technique surtout utilisée chez les pépiniéristes européens, principalement pour cultiver les petits fruits. Dans ce cas-ci, il s’agit de contrôler la chaleur, l’humidité et le taux de CO2 à l’intérieur d’un conteneur de la taille d’un frigo. La bonne combinaison de ces trois paramètres permet d’éviter les ravageurs et les maladies.
3. Déshumidificateurs de grandes tailles : Ils permettent d’extraire jusqu’à 45 litres d’eau à l’heure. En revanche, ce n’est pas pour toutes les cultures, c’est actuellement utilisé pour les cultures en bâtiments et les cultures de plants qui génèrent moins de transpiration.
4. Générateurs de CO2 atmosphérique : Cette technologie capte le dioxyde de carbone qui est dans l’air et le place dans un réservoir pour l’injecter ensuite dans la serre. Le principe est d’accroître la photosynthèse. Seul bémol, le coût de ces appareils est très élevé, mais comme toujours, les technologies évoluent et il est possible qu’ils deviennent plus abordables avec le temps.
5. Technologies de traitement de l’eau : Ce ne sont pas des technologies très innovantes, toutefois elles se sont davantage démocratisées. L’agronome en a présenté quatre. La première génère des nanobulles qui se comportent comme des molécules oxydatives et qui vont nettoyer les conduits d’irrigation et réduire l’impact de certaines maladies. La seconde est un appareil qui va produire du chlore à partir de sels, comme le chlorure de potassium ou de sodium, il peut remplacer l’eau de javel. Il y a un générateur de peroxyde d’hydrogène. Toutes ces technologies visent à éviter aux serriculteurs de manipuler des produits dangereux. Enfin, le coup de cœur du spécialiste CE Line, appareil de mesure des nutriments. Alors qu’il fallait autrefois envoyer des échantillons au laboratoire pour mesurer les concentrations de nutriments, cet appareil en fait la mesure en continu. Les minéraux contenus dans l’eau de recirculation s’affichent et les ajustements peuvent être immédiats.
6. Contrôle de la pollution lumineuse : Il s’agit essentiellement de ventilateurs pour permettre les échanges d’air entre le pignon de la serre et la serre elle-même sans avoir à rétracter les écrans occultants. Si un règlement municipal impose des écrans pour limiter la pollution lumineuse, le ventilateur évacue chaleur et humidité en surplus.
7. Robotisation : Le but est de palier aux tâches répétitives et très énergivores comme les récoltes et le nettoyage des tables.
8. L’incontournable IA : Il y a aujourd’hui des robots mobiles munis de caméras qui sillonnent les serres et qui peuvent identifier les insectes et les maladies sur les feuilles. L’appareil peut aussi mesurer la croissance des plantes, mesurer le nombre de fruits sur les plants ou encore calculer la production à venir.
Source : https://www.lebulletin.com/