
Parce qu’elle s’accumule depuis des milliards d’années et que les roches s’y dissolvent.
« Il y a des milliards d’années, quand la Terre a commencé à se refroidir, beaucoup d’eau est sortie de son intérieur », explique Cliff Ross, de l’Université de Floride du Nord.
« Avec l’activité géologique et volcanique, la vapeur d’eau qui se frayait un chemin vers la surface a provoqué l’érosion de roches. Ces dernières se sont dissoutes, ce qui a mis des sels en suspension dans l’eau », poursuit le spécialiste, qui étudie l’impact du réchauffement planétaire sur la salinité des océans.
Mais alors, pourquoi les fleuves, les lacs et les rivières ne sont-ils pas salés ? « Parce que leurs eaux n’ont pas été assez longtemps en contact avec la roche, répond M. Ross. Elles proviennent de l’eau de pluie et des glaciers. »
L’eau des profondeurs océaniques est généralement plus salée que l’eau de surface des océans, parce que l’eau salée est plus dense, et donc coule. C’est d’ailleurs l’un des moteurs derrière la « circulation méridienne de retournement atlantique » (AMOC, selon l’acronyme anglais), la boucle de chaleur océanique qui donne sa chaleur à l’Europe.
L’eau s’évapore à mesure que l’AMOC évolue vers la Scandinavie, ce qui rend l’eau plus salée. Rendue à l’Islande, l’AMOC coule, ce qui produit un courant. À cause des changements climatiques, la fonte des glaciers arctiques diminuera la salinité de l’AMOC, ce qui réduira la quantité d’eau qui coule, et ainsi, la force de l’AMOC, plus généralement. Cela pourrait causer un refroidissement en Europe.
Parmi les autres conséquences des changements climatiques, on trouvera une acidification des océans et des précipitations accrues dans certaines régions côtières, ce qui affectera la salinité. « On étudie peu l’impact de l’acidification des océans sur leur salinité, signale M. Ross. Beaucoup d’inconnues demeurent, mais la salinité risque de diminuer avec l’acidification. Dans les régions côtières, qui vont devenir moins salées à cause des précipitations accrues, on va voir un changement des types de microbes et d’algues. Certaines algues toxiques vivent dans les eaux moins salées. »
Les écosystèmes des régions des océans qui deviendront plus salées à cause d’une plus grande évaporation vont aussi souffrir néanmoins.
La diminution de salinité des océans devrait aussi affecter les coraux, explique M. Ross. « Le taux de reproduction des larves de corail devrait diminuer. Et les microbes présents dans les récifs de corail vont aussi changer, avec des effets difficiles à prévoir. »
Source : https://www.futura-sciences.com/