
L’Algérie vient de franchir un cap important dans la gestion de ses approvisionnements alimentaires en lançant un appel d’offres international pour l’achat de plus de 1,17 million de tonnes de blé meunier. Cette commande, la plus importante de ces dix dernières années, témoigne de la volonté du pays de sécuriser ses stocks stratégiques face à des marchés mondiaux instables.
L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), qui gère les achats de céréales pour le compte de l’État, a conclu cette opération à la fin de l’année 2024. Initialement, les estimations portaient sur une commande de 650 000 tonnes. Cependant, au fil des discussions, ce volume a presque doublé, atteignant 1,17 million de tonnes. Cet achat massif montre l’urgence de renforcer les réserves nationales en blé, un aliment clé pour la population.
La consommation de blé en Algérie est particulièrement élevée en raison de la place centrale du pain dans l’alimentation quotidienne. Cette demande croissante met une pression constante sur les capacités d’importation du pays, qui reste dépendant des marchés internationaux pour combler ses besoins.
Un impact direct sur les marchés internationaux
Cette commande exceptionnelle a immédiatement influencé les marchés mondiaux. À Chicago, les prix du blé ont enregistré une légère hausse. Sur le Chicago Board of Trade (CBOT), le prix du boisseau de blé a augmenté de 0,14 %, atteignant 5,41 dollars. Cette hausse est en partie attribuée à l’ampleur de l’achat algérien, mais aussi à une offre mondiale de plus en plus limitée.
Les négociants européens impliqués dans l’appel d’offres ont fixé le prix de vente entre 257 et 258 dollars la tonne, incluant le coût du fret. Les origines possibles de cette cargaison sont diversifiées, avec des sources potentielles en Roumanie, Ukraine et d’autres régions de la mer Noire. La compétition entre fournisseurs est forte, et l’OAIC semble avoir négocié au mieux pour obtenir des conditions favorables.
Une réponse aux incertitudes mondiales
L’Algérie n’est pas la seule à devoir s’adapter à un marché du blé sous tension. En 2024, les récoltes en Russie, premier exportateur mondial, ont diminué de 13 % par rapport à l’année précédente. Bien que la Russie reste un acteur majeur avec une production de 82 millions de tonnes, cette baisse influence la disponibilité globale du blé. Par ailleurs, les incertitudes liées aux conditions climatiques et géopolitiques ajoutent une pression supplémentaire.
Face à ces défis, l’Algérie a choisi de renforcer sa sécurité alimentaire en multipliant ses importations de blé tendre. Cette stratégie permet d’éviter les pénuries et de stabiliser les prix domestiques du pain, un produit crucial pour la stabilité sociale.
Une stratégie à long terme pour la sécurité alimentaire
Avec cette commande, l’Algérie montre son engagement à garantir un approvisionnement stable pour sa population. Cet achat record intervient dans un contexte mondial où les stocks se réduisent et où la volatilité des prix rend chaque négociation cruciale. En augmentant la taille de ses commandes, le pays envoie un message clair : la sécurité alimentaire est une priorité stratégique.
Cependant, ce choix massif d’importation soulève aussi des questions sur la durabilité de cette stratégie à long terme. L’Algérie a investi dans la production locale de céréales, mais les résultats restent limités. Pour réduire sa dépendance, le pays devra continuer à développer ses capacités agricoles, en investissant dans les infrastructures, les technologies et la formation des agriculteurs.
En attendant, cette commande historique marque un tournant pour le marché du blé en Algérie. Elle illustre les défis auxquels sont confrontés les pays importateurs, mais aussi leur capacité à s’adapter dans un environnement global de plus en plus incertain.
Source : https://observalgerie.com/