
Comme les animaux, les arbres communiquent. Et lorsqu’un évènement les menace, ils sont capables de prévenir leurs congénères du danger.
Lorsqu’une éclipse solaire se produit, le monde s’arrête. Les animaux changent de comportement et les êtres humains se tournent vers le ciel pour admirer cette nuit en plein jour. Mais dans la forêt aussi, un mystère se joue. Comme le révèle une fascinante étude menée par une équipe internationale de scientifiques de la Southern Cross University (SCU) d’Australie et de l’Institut italien de technologie (IIT) et publiée dans Royal Society Open Science, les arbres communiquent et partagent leurs connaissances entre eux. Lors d’une éclipse, les arbres les plus âgés envoient des signaux aux plus jeunes pour annoncer l’imminence du phénomène, et les amener à s’y préparer.
Les arbres utilisent des signaux bioélectriques
Les arbres, les plantes et les animaux qui peuplent la forêt forment un microcosme complexe. La manière dont les éléments qui composent ce monde communiquent entre eux nous est inaccessible. Pourtant, en tendant l’oreille et en observant attentivement, nous avons l’intuition que la forêt bruisse de signaux et d’informations. Les chercheurs à l’origine de cette étude ont choisi de s’intéresser à la forêt de Costa Bocche, dans les Dolomites, et sont parvenus à enregistrer la façon dont les bouleaux utilisent des signaux bioélectriques pour se préparer aux éclipses solaires
« Cette étude montre que les réponses anticipées et synchronisées que nous avons observées sont essentielles pour comprendre comment les forêts communiquent et s’adaptent, révélant une nouvelle couche de complexité dans le comportement des plantes », observe la professeure Monica Gagliano de l’Université de Californie du Sud, citée dans New Atlas.
Les vieux arbres alertent les plus jeunes
Tous les organismes vivants possèdent un système électromagnétique, c’est-à-dire des voies de communication électrique. Comme le révèle cette étude, c’est précisément ce système électromagnétique qu’utilisent les bouleaux pour avertir leurs congénères d’une perturbation de l’environnement. Avant même, dans ce cas précis, que l’éclipse ne se produise. Pour faire ces observations, les chercheurs ont utilisé un réseau de capteurs de faible puissance réglés pour enregistrer simultanément ces signaux invisibles.
Ils ont alors constaté que les arbres les plus anciens de ce réseau forestier étaient les premiers à avoir envoyé le message d’alerte. « Nous avons découvert une synchronisation dynamique plus profonde, inconnue jusqu’à présent, qui ne repose pas sur des échanges de matière entre les arbres », explique le professeur Alessandro Chiolerio, de l’IIT. « Nous voyons maintenant la forêt non pas comme une simple collection d’individus, mais comme un orchestre de plantes en corrélation de phase », ajoute-t-il.
Un moyen pour les arbres de minimiser les perturbations liées à l’éclipse
Mais que se disent les arbres ? Pour assurer leurs fonctions normales, notamment le transport des nutriments et la régulation de l’eau, les végétaux sont très dépendants des cycles jour-nuit. La survenue d’une éclipse solaire est donc de nature à bouleverser le fonctionnement de l’arbre et même à affecter durablement sa santé. Grâce à l’envoi de ces signaux, les arbres se mettent en pause afin de se protéger de ces perturbations.
« Le fait que les arbres les plus âgés réagissent en premier – en guidant potentiellement la réponse collective de la forêt – en dit long sur leur rôle de banque de mémoire des événements environnementaux passés », explique Monica Gagliano. « Cette découverte souligne l’importance cruciale de la protection des forêts anciennes, qui servent de piliers à la résilience des écosystèmes en préservant et en transmettant des connaissances écologiques inestimables », conclut la chercheuse.
Source : https://www.geo.fr/