
Avez-vous un jour songé à dédier un petit coin de votre jardin à la culture des plantes médicinales et aromatiques, à l’instar des jardins des simples d’antan ? Ces espaces, autrefois essentiels pour la santé des gens, peuvent tout à fait être transposés à petite échelle dans nos jardins. Ce sera alors l’occasion de cultiver vos propres herbes pour la cuisine et les tisanes. Partons à la découverte du Jardin des Simples.
Un voyage à travers l’Histoire : le jardin des simples

Au cœur du Moyen Âge, les monastères et abbayes étaient des lieux centraux pour la préservation et la diffusion du savoir. Et ce savoir incluait aussi la médecine. Les jardins monastiques jouaient alors un rôle essentiel dans cette mission. Certains moines, érudits et herboristes, cultivaient avec soin ces jardins des simples ou herbularius pour se soigner eux-mêmes et apporter réconfort à la communauté environnante.
Ces lieux étaient ainsi de véritables « pharmacies médiévales », où la connaissance des vertus médicinales des plantes, appelées simplicia, était précieusement conservée et mise en pratique. Progressivement, l’intérêt pour ces jardins s’étendit au-delà des cloîtres, gagnant les domaines des châteaux, les universités naissantes et les demeures bourgeoises. Et bien que se transformant au fil du temps en jardins botaniques ou d’agrément, l’esprit originel du jardin des simples, dédié aux plantes utiles, a perduré jusqu’à nos jours.
Il est toutefois important de signaler que bien que les jardins des simples aient connu un essor important au Moyen Âge, l’utilisation et la culture de plantes utiles et médicinales sont bien antérieures à cette période. Des traces de jardins à vocation thérapeutique et pratique ont été retrouvées dans des civilisations antiques, témoignant d’une longue tradition humaine liée aux vertus des plantes.
Nota bene : Isabelle Salesse vous a parlé, il y a peu, des femmes et de la botanique (je vous recommande son article !). L’une d’entre elles manquait cependant à l’appel : Hildegarde von Bingen. Cette figure emblématique du XIIe siècle fut une abbesse visionnaire dont l’œuvre considérable engloba la médecine et la botanique. À travers ses écrits, notamment Physica, elle décrivit de nombreuses plantes médicinales, leurs vertus et leurs usages. C’est elle aussi qui a initié l’utilisation du houblon dans le brassage de la bière, soulignant ses propriétés antiseptiques et amérisantes. Merci Hildegarde !
Les caractéristiques principales de ce jardin médiéval

L’agencement d’un jardin des simples se caractérise souvent par une structure géométrique ordonnée, avec des parcelles clairement délimitées, parfois surélevées, facilitant ainsi l’organisation et l’entretien. Cette conception réfléchie répondait à des impératifs pratiques tels que l’optimisation de l’exposition au soleil et un bon drainage. Les matériaux naturels comme le bois, la pierre ou des plessis de saule ou de noisetier étaient fréquemment employés pour structurer cet espace dédié.
On y retrouvait une diversité de plantes utiles : des plantes médicinales comme la camomille ou la sauge, des aromatiques telles que le romarin et le basilic, des condimentaires comme la ciboulette, et même des plantes tinctoriales ou potagères, choisies en fonction des besoins locaux et du savoir de l’époque.
Au-delà de leur fonction pratique, ces jardins constituaient de précieux lieux d’apprentissage, où les novices et les futurs apothicaires étaient formés à la reconnaissance et aux usages des plantes.
Important : il faut souligner que la culture de plantes médicinales au jardin est un complément au bien-être et ne doit en aucun cas se substituer à un avis médical professionnel. Pour toute question de santé ou traitement, il est impératif de consulter un médecin ou un spécialiste de la santé.

Comment aménager votre propre jardin des simples ?

Pour aménager votre propre jardin des simples, commencez par délimiter l’espace choisi à l’aide de bordures naturelles comme des pierres, des planches non traité ou un simple tressage en osier. Ensuite, préparez le sol en l’ameublissant et en l’enrichissant si nécessaire avec du compost bien mûr. N’oubliez pas de prévoir des petits chemins ou des pas japonais pour faciliter l’accès aux différentes plantes sans tasser la terre.
Vous pouvez aussi, et c’est la solution que j’ai choisie, cultiver votre jardin des simples dans des bacs surélevés (ou même carrément en jardinières, pourquoi pas ?). Cela vous apporte deux avantages : le sol est un peu moins bas, mais surtout, vous pouvez choisir le substrat. Ce substrat sera souvent un simple terreau enrichi de compost. Dans le cas des terres lourdes et argileuses, c’est ainsi beaucoup plus simple pour accueillir les plantes qui apprécient les sols drainant comme un bon nombre de plantes méditerranéennes.
Sélection de plantes pour le soleil
1. La Lavande officinale (Lavandula angustifolia) : appréciée pour son parfum relaxant, ses fleurs mellifères et ses propriétés apaisantes et antiseptiques. Sol léger.
2. Le Thym commun (Thymus vulgaris) : excellent aromate pour la cuisine, il possède également des vertus antiseptiques et expectorantes. Sol léger.
3. La Sauge officinale (Salvia officinalis) : utilisée traditionnellement pour ses propriétés anti-inflammatoires, digestives et pour soulager les maux de gorge. Sol léger.
4. Le Souci officinal (Calendula officinalis) : ses fleurs jaune vif sont comestibles et possèdent des propriétés cicatrisantes et apaisantes pour la peau. Sol léger.
5. Camomille romaine (Chamaemelum nobile) : connue pour ses fleurs aux propriétés calmantes et digestives, idéales en infusion. Sol léger.
Sélection de plantes pour l’ombre et la mi-ombre
1. La Menthe (Mentha spp.) : rafraîchissante et digestive, elle se décline en de nombreuses variétés aux parfums variés. Sol riche et frais.
2. La Mélisse officinale (Melissa officinalis) : connue pour ses propriétés calmantes et relaxantes, elle est idéale en infusion pour favoriser le sommeil. Sol riche et frais.
3. Le Persil (Petroselinum crispum) : aromate indispensable en cuisine, il est aussi riche en vitamines et en minéraux. Sol riche, frais, mais drainant.
4. La valériane officinale (Valeriana officinalis) : ses racines sont traditionnellement utilisées pour favoriser la relaxation et le sommeil. Sol argilo-calcaire.
5. Aspérule odorante (Galium odoratum) : les feuilles sont utilisées pour leur parfum de foin coupé (elles aromatisent le maitrank !) et leurs propriétés relaxantes. Terre humifère.
Les plantes médicinales, tinctoriales et condimentaires sont innombrables. Il est donc impossible d’être exhaustifs dans un court article. Heureusement, le sujet est bien documenté et de nombreux ouvrages sérieux existent.
Le conseil d’Olivier : lorsqu’on consomme une plante, il faut être parfaitement certain de son identification. Connaissez bien vos plantes, quitte à n’en cultiver que quelques-unes au début et songez à les étiqueter !
Quelques balades à vous conseiller en Belgique

Si la thématique du jardin des simples vous intéresse, vous pouvez aller visiter le jardin du cloître et des simples de Notre-Dame à la Rose à Lessines ou bien (re)voir le jardin des plantes médicinales de l’abbaye d’Orval. Et tant d’autres encore, comme les Jardins de l’Abbaye de Villers ou le jardin des plantes médicinales à la maison d’Érasme à Anderlecht.

Source : https://www.rtbf.be/