
Le ver Amynthas agrestis se démarque par sa capacité étonnante à sauter jusqu’à 30 centimètres de hauteur. Originaire d’Asie du Sud-Est, cette espèce invasive menace gravement les forêts américaines. Sa propagation dans 34 États américains alarme la communauté scientifique qui observe impuissante la dégradation rapide des sols forestiers sous son action.
L’écosystème forestier américain fait face à un envahisseur redoutable et insolite : le ver Amynthas agrestis. Ce lombric pas comme les autres, surnommé « ver fou » ou « ver sauteur asiatique », présente des comportements spectaculaires, mais surtout des conséquences désastreuses pour l’environnement. Introduit aux États-Unis au XIXe siècle, sa récente apparition en Californie, après avoir colonisé 33 autres États, intensifie l’inquiétude des écologistes qui observent son impact destructeur sur les sols forestiers.
Les caractéristiques surprenantes du ver sauteur asiatique
L’Amynthas agrestis, avec une taille variant de 4 à 20 centimètres, se démarque par son agilité exceptionnelle. Son comportement énergique lui a valu plusieurs surnoms évocateurs comme « Alabama jumper » ou « ver fou ». Sa capacité à bondir jusqu’à 30 centimètres en fait une curiosité biologique remarquable dans le monde des invertébrés.
Mais ses particularités ne s’arrêtent pas là. Ce ver possède des mécanismes de survie sophistiqués qui expliquent en partie son succès invasif :
– Capacité d’autotomie : il peut détacher une partie de son corps pour échapper aux prédateurs.
– Reproduction hermaphrodite : pas besoin de partenaire pour se multiplier.
– Résistance et adaptabilité à différents environnements.
– Ponte d’œufs camouflés, de la même couleur que le sol environnant.
Ces aptitudes biologiques remarquables rendent son contrôle particulièrement difficile. Comme l’expliquait le San Francisco Gate, repris par Courrier International en 2022, ces vers « se clonent, se débattent violemment tels des serpents à sonnette quand ils sont manipulés » et ont désormais établi leur présence en Californie.

Un impact dévastateur sur les écosystèmes forestiers
L’appétit vorace de l’Amynthas agrestis constitue sa caractéristique la plus problématique pour l’environnement. Ces vers s’attaquent principalement à la litière forestière, cette couche superficielle composée de matière organique en décomposition qui joue un rôle crucial dans l’équilibre des forêts.
Le magazine Science News rapportait en 2020 qu’en seulement deux mois, ces invertébrés peuvent entièrement éliminer cette couche protectrice des sols forestiers. Les conséquences de cette activité sont multiples et graves :
L’étude publiée en octobre 2020 dans Soil Biology and Biochemistry, coécrite par l’écologiste Bradley Herrick, a démontré que ces vers modifient significativement la chimie du sol. Les chercheurs ont observé des variations importantes dans les concentrations de carbone et d’azote, éléments essentiels à la croissance des plantes.
Cette altération rapide des sols prive de nombreuses espèces indigènes de leur habitat naturel et perturbe les cycles de régénération forestière. La litière, en plus d’abriter une biodiversité importante, joue un rôle d’isolation thermique et hydrique pour les sols.
Propagation et difficultés d’éradication
L’introduction de l’Amynthas agrestis sur le sol américain remonte au XIXe siècle, mais sa propagation s’est considérablement accélérée ces dernières décennies. Paradoxalement, c’est l’activité humaine qui a favorisé sa dispersion à travers le territoire américain.
Longtemps commercialisés comme appâts pour la pêche ou vers de compost, ces lombrics ont été involontairement disséminés par les pêcheurs et jardiniers. Aujourd’hui, leur présence dans 34 États américains témoigne de l’efficacité de cette propagation non contrôlée.
Les tentatives d’éradication se heurtent à plusieurs obstacles majeurs :
1. Leurs œufs, de la même couleur que le sol, sont pratiquement impossibles à détecter.
2. Leur capacité de reproduction asexuée accélère leur multiplication.
3. L’absence de prédateurs naturels dans l’écosystème américain.
4. Leur faculté d’adaptation à différents environnements.
Un maigre espoir réside dans leur vulnérabilité face aux conditions climatiques extrêmes. Selon l’écologiste Bradley Herrick, une période de sécheresse prolongée dans le Wisconsin en 2020 aurait significativement réduit la population de cette espèce invasive. Cette sensibilité à la chaleur excessive pourrait représenter l’une des rares faiblesses exploitables pour limiter leur expansion.
Source : https://www.futura-sciences.com/