

Carences en fer, iode, zinc et même vitamine C: un article publié dans la Gazette médicale du mois d’avril fait état de malnutrition chez les enfants et les ados en Suisse. Comment expliquer la malnutrition dans un pays riche et développé? L’émission On en parle a posé la question à la spécialiste Mette Berger.
Le scorbut, une maladie longtemps associée aux marins qui voguaient sur les mers entre le 16e et le début du 20e siècle, privés de fruits et légumes frais, est aussi de retour en Suisse, selon l’article « Malnutrition: existe-t-elle en Suisse chez les enfants et les adolescents? », paru dans le numéro d’avril 2025 de la Gazette médicale.
Autrice de l’article, Mette Berger est médecin nutritionniste clinique, spécialiste de médecine intensive et professeure honoraire de la faculté de biologie et médecine de l’Université de Lausanne. Interrogée par On en parle, elle a détaillé dans l’émission du 5 juin 2025 ce qui se cache derrière le terme « malnutrition ».
L’augmentation du coût de la vie, cause numéro un
« La malnutrition est définie par l’OMS. Il s’agit soit d’une dénutrition globale, soit d’un manque de micronutriments, soit d’un contexte d’obésité. Selon les données du Bulletin de santé suisse, dans notre pays, nous avons des apports insuffisants en iode, fer, zinc et en certaines vitamines, dont la vitamine D », explique Mette Berger.
Ces micronutriments se trouvent dans des aliments plutôt chers: les fruits et légumes frais, la viande et le poisson. « Selon l’OMS, la cause première de la malnutrition est la précarité. Or, nous avons en Suisse, selon les données de Caritas et l’Office fédéral de la statistique, environ un million et demi de personnes dans la précarité. La moitié sont des enfants », relève-t-elle.
Une malnutrition qui coûte cher
En quoi ces carences sont-elles problématiques? « Il y a des conséquences sur le métabolisme global, que ça soit le métabolisme cérébral ou général. Elles favorisent une mauvaise santé, en particulier une immunité réduite, une croissance retardée ou une compétence mentale insuffisante. Pour des étudiantes et étudiants, par exemple, c’est important. Sans une alimentation équilibrée, leurs performances seront moins bonnes », poursuit Mette Berger, qui souligne l’importance d’apprendre aux enfants et aux jeunes à cuisiner.
En plus de notre santé, ces carences feraient aussi du mal au porte-monnaie de la Confédération. « Des travaux faits par l’Insenspital de l’Université de Berne ont étudié l’absence au travail et la prise de médicaments de 1000 femmes adultes avec un déficit en fer. Cette carence coûterait 33 millions de francs par an à la Suisse », pointe Mette Berger.
Source : https://www.rts.ch/