
Un microbe intestinal pourrait transformer le traitement du diabète en régulant naturellement le sucre sanguin, selon une découverte scientifique majeure. Cette bactérie agirait de manière similaire à l’Ozempic, sans les effets secondaires potentiels des médicaments. Et si la clé du contrôle glycémique se trouvait déjà dans notre microbiote intestinal ?
Une équipe de chercheurs de l’Université Jiangnan en Chine vient d’identifier un mécanisme naturel régulant la glycémie et les envies de sucre, comparable à l’action des médicaments comme l’Ozempic. Cette découverte pourrait transformer notre approche du diabète de type 2, en s’appuyant sur un microbe intestinal spécifique plutôt que sur des traitements pharmaceutiques. Les implications pour les millions de personnes souffrant de diabète dans le monde sont potentiellement considérables.
La bactérie intestinale qui pourrait changer la donne
Au cœur de cette avancée scientifique se trouve la bactérie Bacteroides vulgatus, un microbe intestinal commun mais dont l’importance métabolique était jusqu’alors sous-estimée. Les chercheurs ont démontré que cette bactérie et ses métabolites — les composés qu’elle produit pendant la digestion — jouent un rôle crucial dans la régulation du sucre sanguin.
Chez les souris diabétiques, l’augmentation de la population de B. vulgatus a permis d’orchestrer la sécrétion du peptide similaire au glucagon-1 (GLP-1), une hormone naturellement produite par l’organisme qui régule la glycémie et la sensation de satiété. Cette même hormone est au centre de l’action des médicaments comme le sémaglutide, l’ingrédient actif de l’Ozempic.
« Les signaux de nos envies alimentaires proviennent de l’intestin, un organe clé dans la transmission des préférences diététiques », expliquent les auteurs de l’étude. Cette affirmation souligne l’importance du microbiote intestinal dans nos comportements alimentaires, notamment notre attirance pour les aliments sucrés.

Comment ce microbe imite l’action de l’Ozempic
Les personnes atteintes de diabète de type 2 présentent généralement une fonction GLP-1 altérée, ce qui entraîne des problèmes de contrôle glycémique. Les médicaments comme l’Ozempic agissent en imitant cette hormone naturelle. Néanmoins, la nouvelle recherche suggère qu’il serait possible d’amener l’organisme à produire davantage de GLP-1 par lui-même, grâce à la présence accrue de certains microbes intestinaux.
Les expériences ont révélé un mécanisme intéressant impliquant plusieurs acteurs biologiques :
– la protéine intestinale Ffar4, nécessaire à la prolifération de B. vulgatus ;
– l’hormone FGF21, liée aux envies de sucre ;
– le GLP-1, régulateur naturel de la glycémie ;
– les métabolites produits par B. vulgatus.
Dans une analyse sanguine impliquant 60 participants atteints de diabète de type 2 et 24 témoins sains, les chercheurs ont découvert que des mutations du gène Ffar4 réduisaient la production de FGF21. Cette réduction était associée à une préférence accrue pour le sucre, « ce qui pourrait contribuer de manière importante au développement du diabète ».
Des souris aux humains : perspectives prometteuses
Lorsque les souris ont été traitées avec un métabolite de B. vulgatus, les chercheurs ont observé une augmentation de la sécrétion de GLP-1, qui a ensuite déclenché la sécrétion de FGF21. Cette cascade hormonale a amélioré le contrôle de la glycémie et réduit les envies de sucre chez ces rongeurs.
Plusieurs éléments suggèrent que ces résultats pourraient être transposables aux humains :
1. Des études antérieures ont montré que les personnes présentant des variants génétiques de l’hormone FGF21 ont environ 20% plus de chances de consommer beaucoup d’aliments sucrés.
2. Les médicaments agonistes du GLP-1 stimulent déjà la production de FGF21 chez les souris.
3. Le microbiome intestinal humain contient naturellement B. vulgatus, ce qui faciliterait l’application clinique.
Bien que ces résultats restent à confirmer par des essais cliniques chez l’humain, les auteurs affirment que leur étude « fournit une stratégie pour la prévention du diabète » basée sur la modulation du microbiote intestinal plutôt que sur des interventions pharmaceutiques.
Vers une alternative naturelle aux médicaments amaigrissants
L’émergence de médicaments comme Ozempic a transformé le traitement du diabète, mais leur coût élevé et leurs effets secondaires potentiels limitent leur accessibilité pour de nombreux patients. Une approche basée sur la stimulation de microbes intestinaux spécifiques pourrait offrir une alternative plus naturelle et potentiellement moins coûteuse.
Cette découverte s’inscrit dans un domaine de recherche en pleine expansion qui examine les liens entre microbiote intestinal, métabolisme et maladies chroniques. Elle ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques qui pourraient réformer notre approche du diabète et de l’obésité, deux problèmes de santé publique majeurs.
L’étude publiée dans Nature Microbiology représente une avancée significative dans notre compréhension du rôle du microbiote intestinal dans la régulation métabolique et laisse entrevoir un avenir dans lequel notre flore intestinale pourrait devenir notre meilleur allié contre les désordres métaboliques.
Source : https://www.futura-sciences.com/