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Plusieurs témoignages font état d’émanations persistantes durant le mois de janvier à Genève. Les parfumeurs de la Rive droite assurent ne pas avoir augmenté leur production.
«Le matin, lorsque l’on sort sur le balcon pour prendre l’air, au lieu d’être frais, il est parfumé», écrit cet habitant de la Rive droite à la «Tribune de Genève».
En janvier, alors que la semaine était chahutée par une forte bise, plusieurs témoignages nous sont parvenus pour se plaindre d’émanations parfumées plus importantes que d’habitude.
«Parfum artificiel»
Notre témoin précise «que le phénomène n’est pas nouveau à Genève et qu’il s’y est presque habitué». Il possède un appartement traversant aux Charmilles avec deux petits balcons. «De chaque côté, ça sent très fort le parfum artificiel.» Givaudan et Firmenich, les deux parfumeurs genevois, sont-ils responsables de ces émanations? s’interroge-t-il. Mais surtout, ces odeurs sont-elles inoffensives?
Un autre témoin, qui travaille à la Jonction depuis près de vingt ans, explique que chaque matin, il sent, lors de ses déplacements, des effluves d’un parfum chimique qui envahit les rues. «Cette odeur pourrait appartenir à la catégorie des effluents alcooliques, utilisés en parfumerie», estime-t-il et exprime sa crainte que «ces composés délétères soient toxiques, même légèrement». Durant cette même semaine de janvier, d’autres plaintes ont fait état de fortes odeurs dans le quartier des Grottes.
Sens du vent
Interpellé, Firmenich assure que le «bien-être des collectivités avoisinantes et des populations riveraines est primordial» pour le parfumeur. Le fabricant dit exploiter ses usines de manière responsable, selon les normes les plus strictes, dans le respect de ses collaborateurs, de ses voisins et de l’environnement.
En janvier, tout a fonctionné comme d’habitude, selon Robin Roothans, porte-parole de DSM-Firmenich. «Aucun problème technique ni aucun épandage n’ont eu lieu.» Concernant une éventuelle augmentation de la production, le spécialiste des parfums indique ne pas pouvoir «divulguer de détails spécifiques, car il s’agit d’informations concurrentielles».
Mais il assure que la production régulière a été maintenue. «Les vents qui soufflaient ce jour-là n’ont pas pu affecter ces zones, en raison de leur direction, mais aussi de la distance qui sépare le site de la Zimeysa à Satigny de ces quartiers-là, soit plusieurs kilomètres», objecte le porte-parole.
Gestion des odeurs
Selon la Feuille d’avis officielle du Canton de Genève, Firmenich a déposé une demande d’autorisation de construire pour un système de gestion des odeurs, à l’aide de filtres à charbon.
Une information que confirme Robin Roothans. «Sur le site de La Plaine à Dardagny, nous avons un projet pour limiter les émissions de COV (composés organiques volatiles). Dans un premier temps, nous avons déjà changé un échangeur à la sortie d’un atelier en 2024, ce qui a permis à cet atelier de se conformer aux dernières normes. Afin d’avoir une démarche d’amélioration continue, nous allons ajouter un réservoir de charbon actif pour traiter les émissions de cet atelier.»
C’est l’installation de ce réservoir qui a nécessité le dépôt d’un permis de construire. Firmenich vient de le recevoir et commencera sa construction dans les mois à venir.
Filtre à charbon
Du côté de Givaudan, on déclare n’avoir pas eu de plainte particulière récemment concernant des parfums et aucun changement dans la production n’aurait été opéré. Le porte-parole, Tomas Roztocil, précise que depuis le mois de décembre, la multinationale basée à Vernier a introduit «un système d’extraction et de captation des odeurs qui utilise un filtre au charbon actif et réduit jusqu’à 50% les émissions d’odeurs du site de Vernier».
La multinationale indique qu’il arrive parfois que des désagréments soient signalés par les riverains mais que dans un tel cas, une investigation est systématiquement effectuée. Un des derniers signalements concernait non pas une effluve de parfum, mais une substance irritante pour laquelle aucun lien avec l’entreprise verniolane n’a pu être établi.
«Améliorer le confort»
Tomas Roztocil souligne que l’extracteur installé «ne vise pas à prévenir des atteintes à la santé, puisque les odeurs ne sont pas problématiques en soi, mais à améliorer le confort et le respect du voisinage». Il relève que les autorités cantonales, via le Service de l’air, contrôlent de manière stricte les émanations et la qualité de l’air.
Enfin, il rappelle que «le métier de Givaudan est de faire des parfums et des odeurs et que la société compte près de 80 sites de production dans le monde». Vernier en est le siège mondial et aussi le plus important du groupe.
Contrôles des autorités
L’État de Genève indique que les entreprises Givaudan et Firmenich sont soumises à l’ordonnance de protection de l’air. Elles doivent respecter les valeurs limites d’émission pour de nombreux composés chimiques, listés dans l’OPair. «Il n’existe pas directement de valeurs limites pour les odeurs mais pour les émissions de polluants», relève la secrétaire générale adjointe du Département du territoire, Pauline de Salis.
Des entreprises accréditées par l’État sont chargées de contrôler ces parfumeurs. Elles établissent des rapports annuels dits «OPair» qui doivent être transmis ensuite au Service de l’air, du bruit et des rayonnements non ionisants (Sabra), l’autorité d’exécution à Genève.
Le Sabra analyse les rapports et prend les mesures nécessaires, le cas échéant la décision d’assainir, par exemple. Pauline de Salis souligne que «le Canton est en contact très régulier avec les entreprises concernées, que ce soit pour les contrôles, leur suivi et la gestion des plaintes reçues».
Danger pour la santé?
La famille des composés organiques volatils (COV) regroupe plusieurs milliers de composés, (hydrocarbures, solvants, etc.) aux caractéristiques très variables, selon le site actu-environnement.com. Ils ont des retombées directes sur la santé, certains étant toxiques ou cancérigènes.
Ce sont des gaz et des vapeurs qui contiennent du carbone, comme les vapeurs d’essence et les solvants. D’où l’importance de ne pas dépasser les valeurs limites d’émissions.
Source : https://www.tdg.ch/