

Du fin fond des océans aux sommets des montagnes en passant par la station spatiale internationale, les champignons ont colonisé le monde. Si certains vivent en bon entente avec le reste du vivant d’autres se montrent moins amicaux… Explorons ensemble le côté obscure des champignons !
Dans le monde des champignons se cachent de redoutables parasites. Certains transforment les fourmis en zombies, d’autres exterminent les grenouilles. Les plus dévastateurs déciment des forêts entières. Et les humains ne sont pas épargnés. Nous faisons aussi partie de la liste des victimes des champignons parasites.
Dans un livre passionnant intitulé Les champignons de l’apocalypse, publié aux éditions Grasset, la biologiste Audrey Dussutour lève le voile sur ces organismes redoutables. Dans son ouvrage, entre science et science-fiction, la chercheuse au CNRS raconte comment les champignons parasites peuvent bouleverser les écosystèmes et mettre à mal nos sociétés.
Aux origines du champignon
Il y a 1,3 milliard d’années, une population de microbes aquatiques ressemblant à des têtards miniatures s’est divisée en deux lignées : l’une a donné naissance aux animaux, l’autre aux champignons. Nous sommes donc leurs cousins, avec 50% d’ADN commun !
Avant 1969 pourtant, nous apprenons à tort que les champignons sont des plantes. Une erreur que l’on doit à la catégorisation binaire entre les êtres vivants mobiles et immobiles d’Aristote. Les naturalistes ont longtemps eu des difficultés à classer les champignons car ils ont eu du mal à comprendre leur reproduction. Et, comme ils ne savaient pas trop d’où ils viennent ni quelle était leur nature, l’idée de leur génération spontanée persiste dans les esprits. En 1690, sa définition dans le dictionnaire est la suivante : “Petit fruit qui vient de lui-même, sans semer et en peu de temps.”
D’étonnants ravageurs
Les stratégies de certains champignons parasites sont impitoyables et sournoises à l’instar du Massospora qui prend pour cible les cigales périodiques Magicicada, des insectes fascinants qui émergent en masse tous les 13 ou 17 ans. De nature profondément opportuniste, le champignon s’infiltre, dévore les organes génitaux des cigales femelles puis produit une sorte de bouchon fongique qui donne l’illusion de les remplacer. L’infection prend ensuite la forme d’une maladie sexuellement transmissible et fait d’énormes ravages pendant les rituels d’accouplement. Le champignon pousse la manipulation encore plus loin puisque les mâles infectés reproduisent les comportements des femelles, maximisant les occasions de transmission. Et, pour maintenir les hôtes en vie malgré l’amputation de la moitié de leurs corps, le champignon produit des amphétamines qui provoquent chez les cigales une hyperactivité motrice et une excitation sexuelle intense. Et ce n’est qu’un exemple parmi les nombreux champignons qui ont la faculté de manipuler leurs hôtes comme des marionnettes !
Des parasites inquiétants ?
Certaines espèces de parasites, Aspergillus, Candida et Cryptococcus attaquent l’humain, spécifiquement les individus immunodéprimés. Les infections fongiques invasives touchent 150 millions de personnes par an et sont à l’origine d’environ 3,8 millions de décès, soit plus de victimes que la tuberculose ou le paludisme.
Pour l’heure, les champignons pathogènes inquiètent peu car les personnes touchées restent minoritaires et ne sont pas contagieuses. Pour autant, les effets du réchauffement climatique pourraient complexifier notre capacité à combattre ces envahisseurs… D’autant qu’avec 50% d’ADN similaire, les traitements antifongiques sont susceptibles d’être aussi nocifs aussi pour l’espèce humaine !
Source : https://www.radiofrance.fr/