
© (Photo d’archives NR, Thierry Roulliaud)
Depuis janvier 2024, l’Anses a des missions de surveillance et d’expertise sur les cosmétiques et les tatouages. Mais trop peu de signalements lui sont encore transmis.
Depuis un an, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) est la vigie des cosmétiques : tout effet indésirable, réaction allergique, inflammation provoquée par un fond de teint, un déodorant ou un tatouage peut lui être signalé en ligne.
Mi-octobre, après une alerte de l’Anses, le ministère de la Santé et de la Répression des fraudes ont déconseillé aux coiffeurs et aux consommateurs les produits capillaires de lissage brésilien, très répandus sur le marché, contenant de l’acide glyoxylique.
À l’origine de cette alerte : quatre cas d’insuffisance rénale aiguë – en cours d’expertise – guéris au terme d’une hospitalisation, chez des personnes ayant utilisé des produits capillaires intégrant cet ingrédient « potentiellement toxique ».
Le plus souvent, les effets indésirables sont limités à la zone d’application du produit cosmétique : dépigmentation, alopécie par exemple.
« Il vaut mieux signaler trop que pas assez »
Depuis début 2024, l’Anses a vu ses missions élargies à la vigilance et à l’expertise sur les produits cosmétiques et de tatouage. La direction de la répression des fraudes continue, elle, de surveiller la conformité de ces produits à la réglementation et peut imposer des retraits du marché.
La mise en garde de l’Anses sur l’acide glyoxylique pourrait déboucher sur une modification de sa réglementation européenne. Le chantier est vaste. Sur quelque 30.000 ingrédients cosmétiques autorisés dans l’UE, seuls « quelques milliers sont interdits et quelques centaines réglementés », précise Sandrine Charles, cheffe de projet « produits cosmétiques » à l’Anses.
Actuellement, la surveillance des effets indésirables est une obligation du fabricant. Mais les consommateurs, comme les coiffeurs ou esthéticiens, participent aussi à mieux protéger la santé de tous, en signalant des effets indésirables : allergie, intoxication, inflammation, réaction anormale.
Et cela, que l’usage du produit cosmétique ait été conforme au mode d’emploi ou non. « Signaler à l’industriel, à nous, c’est fondamental », souligne Juliette Bloch, directrice des alertes et des vigilances sanitaires à l’Anses.
« On sait que ce qui nous remonte, c’est une toute petite partie » des cas, mais « il vaut mieux signaler trop que pas assez », insiste-t-elle.
La « cosmétovigilance » s’accompagne d’une « tatouvigilance » qui surveille les potentiels effets indésirables provoqués par les encres de tatouage.
Allergies et infections locales
« Généralement, ce n’est pas très grave : on nous signale surtout des allergies, des infections locales » mais c’est hors du champ d’action de l’Anses, explique le Juliette Bloch.
Le signalement le plus efficace est toutefois celui des tatoueurs, qui rapportent, après « avoir utilisé telle encre, plusieurs cas d’infection chez leurs clients », ce qui permet d’identifier le produit afin de le retirer du marché si nécessaire.
« Il y a beaucoup de pratiques non conformes : certains se font tatouer à domicile par des gens plus ou moins respectueux de l’hygiène », glisse le Dr Bloch, mentionnant un type de signalement transmis aux Agences régionales de santé (ARS).
Source : https://www.lanouvellerepublique.fr/