
Une étude révèle le potentiel des marais salants comme puits de carbone.
Une étude réalisée dans le Nord-Est des Etats-Unis a permis de mettre à jour le potentiel écologique de ces étendues qu’on retrouve en de nombreux endroits sur terre et que l’homme porte rarement dans son coeur : les marais salants. En utilisant des images satellites optimisées pour capturer des données environnementales spécifiques, l’étude révèle l’importance méconnue de ces écosystèmes côtiers et plus particulièrement celui de Nouvelle-Angleterre comme réserve de “carbone bleu”.
Un “trésor écologique” bien caché dans les marais
Les marais salants, souvent perçus comme de simples étendues saumâtres et vecteurs de parasites et maladies en tout genre, jouent en réalité un rôle écologique de premier plan pour notre environnement. Selon des recherches récentes menées par une équipe de l’Université du Massachusetts, ces zones stockent une quantité de carbone par unité de surface bien supérieure à celle des forêts tropicales, grâce à leurs sols constamment enrichis en tourbe. Cette fonction de puits de carbone, désignée sous le terme de “carbone bleu”, est d’autant plus précieuse que ces écosystèmes contribuent efficacement à la réduction des niveaux de dioxyde de carbone atmosphérique.
Qu’est-ce que le “carbone bleu” ?
Le carbone bleu désigne donc le carbone capté et séquestré par les écosystèmes côtiers végétalisés, tels que les mangroves, les marais salés et les herbiers marins. Ces écosystèmes absorbent le CO2 atmosphérique par photosynthèse et le stockent dans leur biomasse et les sédiments, souvent pour des milliers d’années. Leur capacité de stockage est jusqu’à 55 fois plus rapide que celle des forêts tropicales humides, faisant du carbone bleu un outil important dans la lutte contre le changement climatique. Les écosystèmes de carbone bleu couvrent environ 49 millions d’hectares et stockent entre 10 450 et 25 070 millions de tonnes de CO2 dans le premier mètre de sol.
Comment mesurer le carbone des marais ?
La variabilité de la densité du carbone dans les sols des marais, tant à l’intérieur d’un même site qu’entre différents sites, présente un défi majeur pour l’évaluation précise des stocks de carbone. Pour surmonter ce problème, les chercheurs ont prélevé 410 échantillons de sol à travers 15 sites, analysant la densité et le contenu organique du sol. Ces indicateurs clés aident à estimer la densité du carbone dans les sols.
La technologie satellite au service de l’écologie
L’étude a exploité des images satellites couvrant la période de 1984 à 2022, pour déterminer la saison et les conditions de marée optimales pour lier les indices de télédétection aux propriétés du sol. L’indice de différence normalisée de l’eau (NDWI), en particulier, a montré une corrélation étroite avec les mesures au sol, permettant de capturer la variabilité spatiale du carbone organique du sol (SOC) en fonction de la phénologie de la végétation et des conditions de marée.
Une cartographie précise pour la conservation
Grâce à ces données, les scientifiques ont pu cartographier avec précision le carbone organique des sols des marais salants du Nord-Est américain à une résolution de 10 mètres. Cette cartographie détaillée est cruciale pour évaluer le potentiel de stockage de carbone des marais et fournir des données essentielles pour guider les efforts de restauration, y compris l’estimation des besoins en sédiments avant les projets de restauration.
Vers une reconnaissance accrue des marais salants comme capteur de CO2
D’après les analyses, le CO2 déjà stocké dans le marais salant de Nouvelle-Angleterre équivaudrait à l’émission sur une année de 10 millions de voitures (moyenne entre 3 et 3,5 tonnes de CO2 par an par véhicule) et chaque année année il capterait encore l’équivalent des émissions de 15 000 véhicules. Cela reste très modeste au regarde de la forêt amazoniennes et ses 118 milliards de tonnes de C02 captées chaque année mais révèle un potentiel encore mal estimé par les chercheurs sur le pouvoir de captation du CO2 des marais à l’échelle mondiale.
Une bombe à carbone potentielle
L’étude met aussi en garde contre les risques associés à la perturbation de ces marais. Car qui dit réserve de CO2, dit également “réserve potentiellement libérable”. Si ces écosystèmes étaient altérés ou si leurs processus naturels étaient perturbés, ils pourraient libérer dans l’atmosphère le carbone stocké, transformant ces puits de carbone en sources majeures d’émissions de gaz à effet de serre.
Source : https://media24.fr/